Rebond cytolytique et hépatite persistante chez deux voyageurs français ayant contracté une fièvre jaune (FJ) au retour du Brésil - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Une épidémie de fièvre jaune (FJ) sévit actuellement au Brésil. Depuis 2018, au moins 11 voyageurs non vaccinés ont développé une fièvre jaune, dont 4 (36 %) sont décédés. Nous rapportons les cas de 2 voyageurs français non vaccinés, ayant séjourné à Ilha Grande, RJ, Brésil, qui ont guéri de leur fièvre jaune mais dont l’évolution a été marquée par un rebond cytolytique et une hépatite persistante sur 6 mois.
Matériels et méthodes |
Les 2 patients étaient des hommes auparavant en bonne santé, séronégatifs pour le VIH, âgés de 28 et 38 ans, présentant en février 2018, dans les 7jours suivant leur retour du Brésil, une fièvre, un ictère, une asthénie, une thrombopénie, une hépatite avec des ALAT>5000 UI/L et ASAT>3400 UI/L (Normal<40 UI/l). La cytolyse hépatique a baissé à un seuil≤4N (Normal) dans les 3 semaines suivantes, mais s’est suivie ensuite d’un rebond cytolytique (ALAT>1000 UI/L), asymptomatique, 2 mois après le début des symptômes, avec une normalisation complète des ALAT seulement 6 mois après le diagnostic de FJ. Lors du rebond cytolytique, des explorations par séquençage haut débit, PCR ARN FJ, recherche d’activité FJ neutralisante et d’hépatites auto-immunes ont été effectuées.
Résultats |
Le diagnostic de FJ a été porté devant des anticorps IgM FJ détectés par Mac Elisa (sur 3 évaluations différentes) et la séroconversion a été confirmée pour les 2 patients avec détection d’IgG FJ par Elisa par le centre de référence des arboviroses (HIA Laveran, Marseille, France). Au diagnostic de FJ, les tests pour une dengue (4 sérotypes), chikungunya, Zika, et hépatites aiguës A, B, C, E, CMV et EBV étaient négatifs. Pendant le rebond cytolytique, la PCR ARN FJ est restée négative. Parallèlement, d’importantes activités FJ neutralisantes ont été détectées dans le plasma des 2 patients (Mercier-Delarue Séverine et al., Plos One, 2017). Un séquençage haut débit sur le plasma et dans les urines était négatif pour les pathogènes eucaryotes. Les auto-anticorps Ac anti-nucléaire (AAN), anti-muscles lisses (AML), anti-microsomes hépatique de type 1 (LKM-1), anti-SLA (anti-soluble liver antigen), anti-mitochondrie), étaient négatifs pour les 2 patients. Les 2 patients ne prenaient pas de molécules hépatotoxiques. Les patients étant asymptomatiques au moment du rebond cytolytique, aucune biopsie hépatique n’a été effectuée.
Conclusion |
Nous rapportons 2 cas de FJ chez des voyageurs non vaccinés au retour du Brésil, ayant eu la même présentation clinique et une évolution favorable malgré un rebond cytolytique et une hépatite persistante sur 6 mois. Cette évolution résulte probablement de réponses immunitaires de l’hôte plutôt que d’une infection chronique du virus FJ. Les patients résidant ou voyageant en zone d’endémie amarile et présentant une hépatite persistante devraient également être testés pour la FJ.
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Vol 49 - N° 4S
P. S121 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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