Réévaluation du seuil actuel d’adaptation de l’antibioprophylaxie en fonction du poids pour la prévention des infections du site opératoire en gynécologie - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
L’antibioprophylaxie fait partie des actions de lutte contre les infections du Site opératoire (ISO). L’évolution des pratiques est nécessaire pour optimiser la prescription d’antibiotiques selon les caractéristiques des patients. Un des facteurs de risque individuels d’ISO est l’Indice de masse corporelle (IMC). La Société Française d’anesthésie et réanimation recommande actuellement de doubler la dose d’antibiotique chez les patients ayant une obésité sévère ou morbide (IMC>35). L’objectif de ce travail est d’évaluer le lien entre l’IMC et la survenue d’une ISO suite à une intervention chirurgicale gynécologique.
Matériels et méthodes |
Entre septembre 2016 et juin 2017, une surveillance des ISO a été réalisée pour les interventions suivantes : hystérectomies, chirurgies mammaires, interventions sur les organes génitaux féminins. Le suivi post-opératoire était de 30jours, sauf en cas de prothèses (mammaires et vaginales) où le suivi était de 90jours. Trois sources de données ont été consultées pour identifier les ISO : (1) l’extraction des interventions, (2) les données microbiologiques et (3) les signalements du service de gynécologie. Les cas suspects ont été validés par discussion collégiale. Deux classes d’IMC ont été considérées pour les analyses : CL1 (IMC<25 : poids normal) et CL2 (25≤IMC≤35 : surpoids et obésité modérée). Les patients ayant un IMC>35 ont été exclus. Une régression logistique uni- et multivariée avec le logiciel SPSS ont été réalisées pour identifier les facteurs de risque d’ISO.
Résultats |
Au total, 982 interventions ont été surveillées. L’âge moyen des patients était de 43,8 (± 15,6) ans ; la durée opératoire moyenne était de 64,2 (±54,2) minutes. Le score ASA était égal à 1−2 pour 93,3 % des cas, 3–4 pour 4,6 % des cas. Dix cas d’ISO ont été identifiés (incidence globale : 0,93 %, IC 95 % : 0,47−1,65) avec un délai moyen d’apparition de 13,8 (±7,9) jours. L’analyse univariée a montré que l’IMC-CL2 (OR : 5,1 ; IC 95 % : 1,1−24,2 ; p=0,04), l’âge>45 (OR : 6,4 ; IC 95 % : 1,4−30,3 ; p=0,02), le score ASA (OR : 1,4 ; IC 95 % : 1,2−1,8 ; p=10−3) et la durée d’intervention>75percentile (OR : 13,1 ; IC95 % : 2,8−62,3 ; p<10−3) étaient significativement associés à la survenue d’ISO. En analyse multivariée, la durée d’intervention (OR : 13,0 ; IC 95 % : 2,5−67,6 ; p=0,002) et le score ASA (OR : 1,5 ; IC95 % : 1,2−1,9 ; p=0,002) étaient significativement associés au risque d’ISO. Une augmentation de risque a été également observée pour l’IMC−CL2 (OR : 3,0 ; IC 95 % : 0,6−15,5 ; p=0,19) et l’âge>45 (OR : 3,2 ; IC 95 % : 0,6−16,5 ; p=0,17) sans atteindre la significativité statistique.
Conclusion |
Ces résultats, qui nécessitent une confirmation à plus grande échelle, suggèrent qu’une antibioprophylaxie adaptée au poids pourrait être étendue aux patients ayant un surpoids et une obésité modérée, afin de réduire le taux d’ISO en chirurgie gynécologique.
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Vol 49 - N° 4S
P. S117 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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