La grippe saisonnière est une pathologie courante touchant 1 à 4 millions de français tous les ans et est à l’origine de nombreuses consultations en médecine de ville. Les recommandations d’hygiène, de dépistage et de traitement sont relativement bien codifiées. Nous avons voulu connaître les modalités de prise en charge de la grippe en cabinet de ville en matière de prévention, diagnostique et thérapeutique.

Cette enquête a été réalisée à partir d’un questionnaire réalisé sur Google Forms et envoyé par voie électronique aux 1140 médecins généralistes (MG) thésés d’Alsace (URPS ML Grand-Est). Les données ont été recueillies entre le 8 juin et le 28 août 2018.

Au total, 122 MG alsaciens (10,7 %) ont répondu au questionnaire, 121 ont été inclus dans l’étude. 61,2 % ont plus de 50 ans, 53,7 % sont des hommes. Un total de 90,9 % des médecins participants s’informent sur l’épidémie grippale saisonnière mais par des moyens très diverses, notamment différents sites internet. Pour le diagnostic, les symptômes cliniques les plus évocateurs de grippe retenus par les MG sont la fièvre (95 %) suivi des arthromyalgies (76,9 %), de la toux (27,3 %) de l’asthénie (11,6 %) et enfin des céphalées (9,1 %). Au total, 23,1 % des médecins participants effectuent un diagnostic microbiologique en cas de suspicion de grippe sur des terrains particuliers et en cas de doute et seul 35,7 % mettent en route un traitement antiviral en attendant les résultats. Sur le plan de la prévention, les médecins se lavent au moins une fois les mains par consultation (80,2 %). Au total, 95,9 % des médecins participants ne portent pas de masque chirurgical avec les patients présentant des symptômes respiratoires et seuls 53,7 % d’entre eux portent un masque lorsqu’ils ont des symptômes grippaux. Concernant le matériel mis à disposition des patients au cabinet médical pour prévenir la transmission de grippe, il est de 35,5 % pour les solutions hydro-alcooliques, de 19,8 % pour les masques chirurgicaux et de 30,6 % pour les mouchoirs. Au total, 77,7 % des médecins se font vacciner chaque année contre la grippe, et 8,3 % ne proposent pas de vaccinations aux patients en ALD non vaccinés. Concernant le traitement, 50 % des médecins ne prescrivent jamais de Tamiflu à dose curative et seulement 27,9 % à dose préventive. Parmi les traitements adjuvants 100 % des médecins prescrivent du paracétamol, 97,5 % un arrêt de travail (en moyenne 5j), 78,5 % des lavages de nez au sérum physiologique ou à l’eau de mer, 24 % un spray nasal antiseptique ou vasoconstricteur ou contenant des corticoïdes et 68,6 % un traitement antitussif. 86,8 % des médecins prescrivent au moins un médicament adjuvant non recommandé. 94,2 % des médecins déclarent prescrire des antibiotiques dans moins de 25 % des cas de syndromes grippaux.

Notre étude fait un éclairage de la prise en charge globale de la grippe saisonnière en médecine de ville. Celle-ci apparaît très hétérogène et plusieurs voies à améliorer sont à envisager à partir de ces résultats.