Un suivi prospectif de l'antibioprophylaxie a été réalisé afin d'identifier les facteurs prédictifs de non application des recommandations de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR). Un total de 72 paires chirurgiens-anesthésistes a participé au recueil de données. Les pratiques étaient évaluées en comparaison avec les recommandations nationales à travers 5 variables : l'intervention chirurgicale justifiait-elle une antibioprophylaxie et celle-ci a-t-elle été réalisée ? L'antibiotique choisi était-il celui préconisé ? L'heure d'injection de la première dose était-elle optimale ? La durée totale était-elle respectée ? La posologie était-elle correcte ? Les caractéristiques des patients (âge, score ASA, hospitalisation et/ou infection à bactérie multirésistante et/ou antibiothérapie au long cours dans l'année) et les circonstances des interventions (urgence, classe de contamination, durée, procédures simples ou multiples, implantation d'une prothèse) étaient analysées en tant que facteurs conduisant au non-respect des recommandations en analyse uni- puis multivariée. Parmi les 513 procédures analysées, 41,7 % étaient totalement conformes aux recommandations. Parmi les 156 patients ayant reçu un antibiotique non conforme, 133 (85,3 %) ont reçu un antibiotique à spectre plus large et une durée de prophylaxie prolongée a été observée chez 81 (89,0 %) des 91 patients pour lesquels la durée de l'anti-bioprophylaxie n'était pas conforme. Après analyse multivariée, la non-conformité était associée à l'implantation de prothèses (RR = 2,52) et aux interventions de classe II d'Altemeier (RR = 4,19). Ainsi, plus de 50 % des patients avaient reçu une anti-bioprophylaxie inadaptée. La non-observance des recommandations est en rapport avec des facteurs qui n'influent pas sur la nature des bactéries potentiellement en cause dans les infections du site opératoire.

We conducted a prospective study to identify predictors of inappropriateness of surgical prophylaxis. A total of 72 surgeon-anaesthesist pairs participated in data collection. We assessed practices by addressing 5 questions: did the surgical procedure justify the use of antimicrobial prophylaxis, and was it provided? Was the correct agent used? Was the timing of prophylaxis optimal? Was the duration of prophylaxis correct? Was the dose correct? We reviewed 687 procedures, 513 (74.7%) of which were included in the analysis. The proportion of these procedures with totally compliant prescriptions was 41.7%. Of the 156 patients who received an inappropriate drug, 133 (85.3%) received a drug with a broader spectrum than that recommended. Prophylaxis lasted too long in 81 (89.0%) of the 91 patients who received prophylaxis of incorrect duration. Multivariate analysis revealed a clear association between non-compliant prophylaxis and two operation-specific factors: prosthesis implantation (with a relative risk of 2.52) and clean-contaminated operations (with a relative risk of 4.19). More than 50% of patients received inappropriate surgical prophylaxis. Non-observance of guidelines was related to factors that did not influence the infectious potential of the flora.