L'esthétique est devenue dans les vingt dernières années une branche à part entière de la médecine et en particulier de la dermatologie. Ceci soulève un certain nombre de questions éthiques essentielles, et nous voulons poser ici les jalons des différentes problématiques qui émergent, sachant qu'il n'y a jamais de réponse univoque en éthique. Il faut souligner d'abord la frontière floue entre esthétique et maladie, entre normal et pathologique, qui rend le sujet si délicat. Nous interrogeons le rôle de l'argent, et mettons en avant les écueils de la médecine pratiquée comme un commerce et ceux de la dérive publicitaire et de l'incitation à l'acte. Le problème de la participation de médecins à une standardisation des normes de beauté, à une « pathologisation » du vieillissement et à une uniformisation des corps en particulier féminins nous a interpellés. Notre réflexion amène à l'extrême à se poser la question d'un changement de paradigme : la dermatologie esthétique est-elle encore une médecine ? Au-delà de cette remise en question volontairement provocatrice, nous proposons un certain nombre de conditions pour imaginer une dermatologie esthétique éthique, comportant non seulement le tact et la mesure mais aussi une prise de conscience des problématiques développées.