Le mélanome (MM) et le carcinome basocellulaire (CBC) sont des cancers cutanés (CC) de pronostic différent. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact respectif sur la vie professionnelle d’un diagnostic de MM et de CBC.

Étude nationale, transversale pragmatique à l’initiative de la SFD, du CEDEF et de la FFFCEDV et réalisée par les dermatologues libéraux et hospitaliers ayant accepté d’y participer.

À l’issue de la consultation, un questionnaire spécifique était proposé à tous les patients vus à l’occasion d’une consultation pour un MM n’ayant pas récidivé ou un CBC entre juin 2017 et mars 2018, comprenant des données sur la situation familiale, l’activité professionnelle (AP) et les conséquences du cancer cutané diagnostiqué sur l’AP. La nature du CC diagnostiqué, sa prise en charge et les ATCD significatifs du patient en termes de CC étaient renseignés par les investigateurs.

Sur les 1966 patients inclus, 1172 questionnaires patients étaient évaluables. Le groupe MM sans récidive comprenait 355 patients (52 % de femmes) (55 patients vus lors diagnostic initial, 300 vus dans le cadre du suivi sans récidive de leur MM) et le groupe CBC 320 patients (47 % de femmes).

Les caractéristiques sociodémographiques des patients étaient homogènes entre les deux groupes : l’âge moyen était respectivement de 60 (±13) pour les MM et de 68 (±12) ans pour les CBC, plus de 90 % (92,7 et 93,3 %) avaient une activité normale, sans restriction selon l’échelle OMS cotée par le dermatologue. Ils étaient respectivement 41,6 % et 22 % à déclarer être en activité professionnelle (AP).

Dans le groupe MM, parmi les sujets en AP : 42 % ont déclaré avoir manqué au cours des 6 derniers mois des jours de travail à cause de leur CC, l’absence était imprévue pour 40 % d’entre eux. Le nombre de jours moyen d’arrêt était de 28 (±54) jours. Pour 8 patients sur 10, l’absence était motivée pour se rendre à un rendez-vous ou un soin, 8,7 % pour une grande fatigue et 5,2 % par le besoin de rester seul. Quatorze pour cent ont déclaré avoir eu besoin d’adapter leurs horaires de travail et 8 % ont demandé un mi-temps thérapeutique. Vingt-deux pour cent ont confié que leur efficacité au travail a été diminuée et 9 % avoir subi une baisse de revenu. Seuls 20,3 % ont rencontré des difficultés pour des dossiers de prêt bancaires.

Dans le groupe CBC, parmi les sujets en AP : 28,6 % ont déclaré avoir manqué au cours des 6 derniers mois des jours de travail à cause de leur cancer, l’absence était imprévue pour 31 % d’entre eux. Le nombre de jours moyen d’arrêt était de 15 (±25) jours. Pour 6 patients sur 10 l’absence était motivée pour se rendre à un rendez-vous ou un soin, 5,6 % pour une grande fatigue et 5,6 % par le besoin de rester seul. Quatre pour cent ont déclaré avoir eu besoin d’adapter leur travail et aucun n’a demandé un mi-temps thérapeutique. Quatorze pour cent ont confié que leur efficacité au travail a été diminuée et 6 % avoir subi une baisse de revenu. Six pour cent ont rencontré des difficultés pour des dossiers de prêts bancaires.

Les différences sont statistiquement significatives entre les deux groupes pour les difficultés pour les dossiers de prêts bancaires avec donc plus de conséquences pour les patients avec un MM.

Malgré le caractère sans récidive des MM, on note des conséquences manifestes du diagnostic sur la vie professionnelle et sociale pour les patients. L’impact est bien plus important chez les patients suivis pour un MM mais est cependant aussi notable chez les patients avec un CBC. Les conséquences du diagnostic de MM pour l’obtention d’un prêt restent importantes malgré des mesures spécifiques, confortant le caractère et la symbolique de sévérité et de mauvais pronostic associé à cette tumeur pour les employeurs et les prestataires.

Il y a un vrai besoin d’information à la fois des patients et du grand public mais également des employeurs et des sociétés de crédit sur l’image et le pronostic associés aux MM mais aussi aux CBC.