Impact de l’exposition aux bêtabloquants sur le pronostic des patients atteints de mélanome : une étude de cohorte - 15/01/19
Résumé |
Introduction |
Des études précliniques sur les modèles murins de mélanomes suggèrent que les bêtabloquants (BB) ont un effet anti-tumoral, alors que les études cliniques sur l’effet protecteur des bêtabloquants montrent des résultats contradictoires. Nous avons étudié l’impact de l’exposition aux bêtabloquants sur le pronostic au sein d’une cohorte de mélanomes stade II.
Matériel et méthodes |
Cent quatre-vingt-un patients atteints de mélanome de stade II ayant un Breslow>2mm ont été inclus. Les informations ont été recueillies à partir de la base de données régionale. L’exposition et les rechutes ont été recueillis auprès des médecins traitants. Le critère de jugement principal était la survie globale, le critère secondaire la survie sans récidive, analysés avec un modèle de Cox.
Résultats |
Vingt et un patients (13 %) ont été traités par BB avant le diagnostic de mélanome. Le suivi médian était de 4,7 ans. L’utilisation des BB n’était pas associée à une meilleure survie globale (hazard ratio [HR] ajusté 0,49, IC95 % [0,20–1,22] p=0,125). Après constatation d’une interaction entre l’exposition aux BB et le genre, nous avons effectué une analyse distincte selon le genre. L’exposition aux BB était associée à une meilleure survie globale chez les hommes (0,31, IC95 % [0,10–0,96]) mais pas chez les femmes (1,18, IC95 % [0,25–5,65]) (Annexe A).
Discussion |
Des données in vitro suggèrent que les BB exercent un effet anti-tumoral. La noradrénaline régule à la hausse la production de VEGF et d’interleukine IL-8 et IL-6 dans les lignées cellulaires de mélanome humain, par l’intermédiaire des récepteurs bêta1et bêta2 adrénergiques. Cette action est inhibée par le propranolol.
Plusieurs études de cohorte ont montré des résultats contradictoires. Dans une cohorte de 121 patients dont 30 traités par BB que pour chaque année de traitement par BB, une amélioration de 36 % des taux de survie sans récidive (HR : 0,64, IC95 % [0,11–0,54], p=0,02) était constatée. Dans une autre, il n’y avait pas d’association entre l’utilisation de BB après le diagnostic de mélanome et le décès lié au cancer (OR : 0,99, IC95 % [0,68–1,42] p=0,94). Nous n’avons pas d’explication physiopathologique à cette effet différentiel selon le genre dans notre étude.
Conclusion |
Nous rapportons une association significative entre l’utilisation des BB et la survie globale chez les patients masculins atteints de mélanome de stade II et de Breslow>2mm. Au vu de la diversité des résultats des études cliniques et de leur bonne tolérance, l’utilisation de BB non cardiosélectifs pourrait être étudiée dans un essai thérapeutique adjuvant.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Bêtabloquants, Étude de cohorte, Mélanome
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.518. |
Vol 145 - N° 12S
P. S319 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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