Évolution anormalement prolongée d’une fasciite nécrosante : hypothèses à partir d’un cas index et d’une cohorte de 270 patients - 15/01/19
Résumé |
Introduction |
Les dermo-hypodermites bactériennes nécrosantes-fasciites nécrosantes (DHBN-FN) sont des infections souvent streptococciques ayant une morbi-mortalité importante. Nous avons pris en charge une patiente présentant une DHBN-FN dont la durée d’hospitalisation (DH) prolongée de 64jours contrastait avec la DH médiane de 21jours de notre cohorte de 270 patients inclus entre 2006 et 2017.
Observations |
Une patiente de 52 ans sans antécédent était admise pour choc septique sur DHBN-FN cervicale, dans un contexte de pédiculose et de prise d’AINS. Les prélèvements peropératoires (PPO) trouvaient un Streptococcus pyogenes (SP) et un Staphylococcus aureus (SA). La patiente était traitée par antibiothérapie (ATB) et 5 débridements chirurgicaux étaient nécessaires pour contrôler l’infection. Après 29jours d’ATB, les cultures étaient stériles mais la PCR ARN16s restait positive à SP. Trois cures d’IgIV 25g étaient réalisées à visée anti-toxinique.
Matériel et méthodes |
Étude de la virulence du streptocoque : patiente (génotypage de la protéine M et séquençage des gènes et superantigènes streptocciques) et DHBN-FN à SP d’évolution prolongée.
Cohorte : 270 patients hospitalisés à l’hôpital Mondor pour une DHBN-FN inclus entre 2006 et 2017, âge médian de 64 ans, 39 % de formes à streptocoque. Définition d’une population de DHBN-FN d’évolution prolongée par une DH arbitraire>50 j : comparaison des caractéristiques DHBN-FN DH ≥ 50 j ou<50 j : démographie, AINS, diabète, immunosuppression.
Résultats |
Les études de virulence ont montré un SP type emm 5 avec présence des exotoxines SpeB et Smez. L’étude des facteurs de virulence de DHBN-FN avec DH>50 j est en cours. Quarante-huit patients de notre cohorte avaient une DH>50 j (âge médian 63) vs 222 dans le groupe DH<50 j (âge médian 66). Dans le groupe DH<50 j, 10 (21 %) avaient pris des AINS vs 38 (17 %) (p=0,53), 17 (35 %) avaient un diabète de type II vs 72 (32 %) (p=0,7). Aucun facteur d’immunosuppression n’était mis en évidence (patiente, patients prolongés [p=0,25]) (Annexe A).
Discussion |
Cette patiente de 52 ans a présenté une DHBN-FN d’évolution exceptionnellement prolongée. Parmi les facteurs de risque possibles, nous trouvons la virulence du streptocoque type emm5 présentant des exotoxines. Le clone emm5 fait partie des 10 clones de SP les plus prévalents en Europe. Ni la prise d’AINS ni les caractéristiques démographiques de notre cohorte ne peuvent expliquer cette évolution prolongée. Enfin, les poux de tête peuvent porter des bactéries (Acinetobacter baumanii). Par analogie à l’arthropode de la gale, capable d’empêcher l’activation de l’opsonisation et la phagocytose des macrophages, une interaction poux, streptocoques et immunité anti-bactérienne est une hypothèse à tester à l’avenir.
Conclusion |
L’évolution très prolongée d’une DHBN-FN à SP constitue un facteur de gravité, peut-être liée à la virulence du streptocoque.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Fasciite nécrosante, Streptococcus pyogenes
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.450. |
Vol 145 - N° 12S
P. S283 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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