L’incidence des dysfonctionnements sexuels (DS) au cours du psoriasis varie de 25 à 70 %. Aucune étude n’a été réalisée afin d’évaluer l’importance des DS chez les conjoints des patients souffrant de psoriasis. L’objectif de notre étude était d’évaluer la prévalence et les facteurs de risque des dysfonctionnements sexuels (DS) chez les conjoints des patients souffrant de psoriasis.

Étude observationnelle, prospective et multicentrique réalisée par des dermatologues hospitaliers et libéraux chez des patients souffrant de psoriasis comportant trois volets :

– évaluation des patients par le médecin : profil sociodémographique ; caractéristiques du psoriasis (PASI) et nature du traitement ;

– évaluation par le patient du retentissement de sa maladie sur sa qualité de vie : DLQI et SF12 ;

– évaluation par le conjoint de l’impact du psoriasis sur sa qualité de vie : FamilyPso et SF12 par les conjoints.

Les conjoints avec un DS sont ceux qui ont déclaré que le psoriasis avait un effet inhibiteur sur leur vie sexuelle. Les patients avec DS sont ceux qui ont déclaré que leur problème de peau avait rendu leur vie sexuelle difficile.

Les résultats obtenus ont été analysés par la fonction intégrée de corrélation et de calcul des rangs de Spearman complété par le test de Fisher et le test de Student.

Au total, 274 patients ont été inclus (163 hommes et 111 femmes). Le taux de retour conjoint, lorsqu’il existait, était de 75 % (n=185) ; 176 étaient évaluables (103 conjoints d’hommes et 73 conjoints de femmes souffrant de psoriasis) ; l’âge médian était de 49,7 ans (19–83 ans). Un DS en rapport avec le psoriasis du conjoint était rapporté dans 40,9 % % des cas (n=72) (conjoints de femmes : 47,9 %, conjoints d’hommes : 35,3 %). Un DS chez le conjoint était associé à un DS chez le patient dans 94,4 % des cas. Le score SF12 dans sa dimension mentale était significativement altéré chez les conjoints ayant un DS lié au psoriasis (47,08 versus 43,37, p 0,002). Les facteurs prédictifs de survenue d’un DS chez le conjoint de patients souffrant de psoriasis sont une altération de la qualité de vie évaluée par le DLQI et le SF12 dans sa dimension mentale (Annexe A).

Il s’agit de la première étude réalisée en France afin d’évaluer les DS consécutifs au psoriasis chez le conjoint. L’absence de comparaison avec un groupe témoin de la population générale est une limite. Des études complémentaires sont nécessaires afin de mieux comprendre la nature de ce retentissement (trouble du désir, trouble de l’excitation, évitement des rapports sexuels, troubles de l’orgasme, qualité de la satisfaction sexuelle actuelle).

Notre étude met en évidence un risque de DS au cours du psoriasis, ce qui justifie une prise en compte de l’impact de la sexualité par les dermatologues assurant la prise en charge globale de ces patients.