Ulcérations scrotales à l’emporte-pièce - 15/01/19
Résumé |
Introduction |
Les ulcérations scrotales chez l’adulte amènent à réaliser un bilan étiologique complet afin d’éliminer une cause oncologique, infectieuse, inflammatoire.
Observations |
Un homme de 58 ans était adressé par son médecin traitant pour des ulcérations du scrotum et de la face interne des 2 cuisses d’apparition rapidement progressive. Les ulcérations scrotales multiples étaient indolores, à bords nets, légèrement surélevés, bilatérales et symétriques avec atteinte des bourses et de la face interne des cuisses en miroir. Aucun autre signe clinique n’était associé. Les bilans infectieux réalisés (sérologies VIH, HTLV1, HBV, PVB19, CMV, EBV syphilis, HSV, VZV, quantiféron et Chlamydia et Mycoplasma ; mise en culture en mycologie, mycobactériologie et bactériologie des biopsies cutanées) et auto-immun étaient négatifs. L’histologie était aspécifique, montrant un infiltrat inflammatoire modéré composé de polynucléaires neutrophiles et éosinophiles et de lymphocytes en particulier périvasculaire ; les colorations PAS et Ziehl étaient négatives. Au cours de son hospitalisation, on notait une apraxie en lien avec une probable démence non étiquetée. Devant ces explorations négatives, le diagnostic retenu était celui de dermite syphiloïde de Sevestre et Jacquet. La topographie en miroir des ulcérations et l’amélioration spontanée sans traitement spécifique mais avec des soins locaux avec vaseline et changement quotidien des sous-vêtements confirmaient ce diagnostic rare chez l’adulte (Annexe A).
Discussion |
La dermite irritative papulo-érosive de Sevestre et Jacquet a été décrite en 1958 chez des nourrissons porteurs de couches non jetables. Il s’agit d’une atteinte du siège érythémateuse puis papulo-érosive voire nodulaire, vésiculeuse ou pustuleuse. Elle est décrite plus récemment chez des adultes souffrant d’incontinence urinaire et/ou fécale atteints d’une démence. Le mécanisme constitutif résulte d’un contact prolongé de la peau avec les urines et/ou les selles. L’urine augmente l’humidité locale et apporte de l’urée, qui est catalysée par l’uréase fécale, induisant la production d’ammoniaque, aboutissant à une augmentation du pH entrainant une rupture de l’intégrité de la couche cornée. De même, des enzymes lytiques présentes dans les selles participent aussi à la détérioration de la barrière cutanée. Le traitement est simple, consistant en des soins locaux (syndet sans savon, vaseline) avec changements fréquents (minimum 6 fois par jour) quotidiens de la protection.
Conclusion |
La dermite syphiloïde de Sevestre et Jacquet chez un adulte reste un diagnostic d’élimination mais il ne faut pas le méconnaître.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dermatite syphiloïde de Sevestre et Jacquet, Ulcérations scrotales
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.332. |
Vol 145 - N° 12S
P. S222 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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