Patients obèses et traitement de la maladie thromboembolique veineuse : une étude pilote - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
L’obésité, dont la prévalence est en augmentation constante, est un facteur de risque indépendant de maladie thromboembolique veineuse (MTEV) et est associé à des modifications de la pharmacocinétique (PK) des médicaments.
Alors que les anticoagulants oraux directs (AOD) sont administrés à dose fixe sans adaptation au poids, aucune étude spécifique d’efficacité et tolérance des AOD chez les obèses n’est disponible et les données de PK dans cette population sont très limitées.
L’objectif principal de cette étude pilote, prospective, bicentrique était d’évaluer les concentrations des AOD chez des patients obèses, traités pour MTEV par apixaban ou rivaroxaban en les comparant à celles des patients non obèses, comme suggéré par le Société Internationale d’Hémostase et Thrombose. L’objectif secondaire était d’évaluer les évènements cliniques durant le suivi.
Patients et méthodes |
Depuis août 2017 dans un centre et mars 2018 dans le second, les patients obèses (IMC>30kg/m2) traités par rivaroxaban ou apixaban pour MTEV et suivis dans la « filière thrombose » de 2 CHU français, ont été inclus dans cette étude. Les concentrations plasmatiques des AOD ont été mesurées à l’issue de la consultation, en utilisant une technique basée sur l’activité anti-Xa (STA-Liquid-anti-Xa®). Les délais entre la dernière prise et le dosage ont été précisément collectés pour chaque patient. Les valeurs de concentration des AOD ont été comparées à celles rapportées dans les études de PK chez les patients, pour les 2 molécules. Tous les évènements hémorragiques ou thrombotiques survenus entre le début du traitement par AOD et la consultation ont été colligés.
Résultats |
Soixante-cinq patients ont été inclus (36 hommes et 29 femmes) avec un total de 81 dosages d’AOD. L’IMC moyen (± ds) était de 35±5kg/m2 dont 12 patients avec un IMC>40kg/m2. L’âge moyen était de 55±16 ans et la clairance de la créatinine (Cockcroft) moyenne de 84±24mL/min. Le traitement au moment du prélèvement était : rivaroxaban 20mg (n=40), apixaban 5mgx2 (n=29) et apixaban 2,5 mgx2 (n=12). Les concentrations d’AOD variaient entre<20 et 453ng/mL. Quelque soit le délai entre la prise et le dosage (moy±sd : 8±7h), les concentrations de rivaroxaban et d’apixaban mesurées étaient conformes aux valeurs attendues pour tous les patients sauf 3 : 1 patient traité par apixaban 2,5 mgx2 qui n’avait vraisemblablement pas pris son traitement (<20ng/mL au pic) ; deux patients traités par rivaroxaban 20mg (concentrations : 74ng/mL, 4h après la prise et 119ng/mL au pic) dont 1 avec une interaction médicamenteuse possible avec le phenobarbital. Le délai médian depuis le début du traitement était de 10 mois (Min-Max : 1–84) sans complication thrombotique ou hémorragique reportée durant cette période.
Conclusion |
Les résultats de cette étude pilote montrent que les concentrations d’apixaban et de rivaroxaban chez les patients obèses traités pour MTEV sont pour la plupart (96 % des dosages) conformes aux valeurs attendues décrites pour les patients non obèses dans les études de PK. Des données supplémentaires et des études spécifiques du patient obèse sont nécessaires pour définir précisément le profil PK de ces molécules et évaluer le bénéfice/risque des AOD dans cette population.
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Vol 39 - N° S2
P. A89-A90 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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