Utilité de la mesure de l’aire sous la courbe du Mycophénolate Mofétil chez les patients traités pour myopathies inflammatoires - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Le Mycophénolate Mofétil (MMF) est couramment utilisé et efficace dans le traitement des myopathies inflammatoires. Il a déjà été démontré que l’air sous la courbe (AUC0-12) du MMF était prédictif de la réponse thérapeutique dans le cas du lupus érythémateux systémique. Néanmoins, bien que fréquemment utilisée, le suivi de cette AUC0-12 n’a jamais fait la preuve de son intérêt dans les myopathies inflammatoires.
Patients et méthodes |
Nous avons étudié les relations l’intérêt de l’AUC0-12 pour 19 patients successifs de notre centre traités par MMF pour myopathie inflammatoire entre 2010 et 2018. L’AUC0-12 du MMF était déterminée par un estimateur Bayésien déjà établi chez les patients lupiques. Les patients étaient classés comme ayant un AUC haut ou bas selon un seuil préalablement validé (35mgh/mL). L’activité de la maladie était évaluée de façon rétrospective par deux cliniciens (MP, BH), considérant comme actifs les malades présentant :.
– une dégradation de la fonction musculaire ou une élévation des CPK>2 fois la normale ;
– une dégradation de la dyspnée, une aggravation de la CVF 10 %, de la DLCO>15 % ou du score tomodensitométrique de fibrose>5 % ;
– un événement cardiaque aigu ou la découverte d’images évocatrices d’atteinte myocardique ;
– des lésions cutanées actives selon le score dermatologique CDASI.
Les analyses statistiques comparant des données qualitatives, quantitatives ou de survies utilisaient les tests appropriés (Mann–Whitney, Fisher, Lok-rang tests). Une valeur de p<0,05 était considérée comme significative.
Résultats |
Les patients étaient en majorité des femmes (73 %), l’âge médian était de 49 ans. Les diagnostics comprenaient 10 syndromes des anti-synthétases, 4 myopathies nécrosantes auto-immunes, 4 dermatomyosites, et une myosite de chevauchement à anticorps anti-RNP. Le score de force musculaire MMT8 moyen au moment de l’introduction du MMF était de 121±26 (norme=150). Quinze patients présentaient une atteinte pulmonaire, et 7 une atteinte dermatologique.
La durée médiane de suivi après AUC0-12 était de 14 mois (0–77). Nous disposions, pour 8 patients, de plusieurs dosages au cours du suivi (n=2 à 4), permettant d’analyser en tout 31 couples AUC0–12/activité.
L’AUC0-12 moyenne n’était pas différente entre les patients actifs et inactifs (39,7±15,2 versus 31,6±13, p=0,3). En parallèle, les proportions de patients actifs ou inactifs contrôlés respectivement avec une AUC0-12 basse ou haute et contrôlée n’étaient pas significativement différentes (p=0,09).
Chez les patients inactifs au moment du dosage d’AUC0-12 et pour lesquels nous disposions d’un suivi longitudinal (n=9), 6 présentaient une rechute ultérieure avec un délai moyen de 20 mois. La survie sans rechute n’était pas différente entre les patients présentant une AUC0-12 haute ou basse (p=0,78).
Conclusion |
Comme au cours d’autres maladies auto-immunes comme le lupus systémique, le MMF peut certes s’avérer efficace chez les patients atteints de myopathies inflammatoires. Cependant, sous réserve de l’hétérogénéité de notre cohorte, il semble que, contrairement au lupus systémique, aucune corrélation n’existe entre l’AUC0-12 du MMF et l’activité ou la survie sans événement de la myopathie inflammatoire. Une étude prospective sera donc nécessaire pour préciser la place du dosage de l’AUC0-12 du MMF, et l’intérêt éventuel de la majoration des posologies de MMF en cas d’AUC0-12 basse chez les patients traités pour myopathies inflammatoires.
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Vol 39 - N° S2
P. A78 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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