Élévation isolée des ASAT : un diagnostic simple à évoquer - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
L’élévation des aspartates aminotransférases (ASAT) peut être associée à de nombreuses pathologies hépatiques (hépatite, stéatose hépatique, maladie des voies biliaires…), la prise de toxiques (notamment l’alcool), des maladies systémiques, infectieuses ou des hémopathies. L’élévation isolée des ASAT persistante chez un sujet sain asymptomatique doit pourtant faire évoquer un diagnostic permettant de limiter les examens complémentaires.
Observation |
Une femme de 52 ans a été adressée en consultation de médecine interne pour suspicion de myosite devant une asthénie et des myalgies des biceps et des quadriceps. Elle n’avait pas d’antécédent significatif. Elle ne consommait pas de toxique hormis un tabagisme actif à 15 paquets-années. Elle ne prenait aucun traitement. Un bilan biologique révélait une élévation isolée des ASAT à 930UI/l (normes 5–50UI/l) soit à 18 fois la normale. La NFS, le TP et TCA étaient normaux, de même que le reste du bilan hépatique : bilirubine totale 10μmol/l (1–17μmol/l, ALAT 16UI/l (5–50UI/l, phosphatases alcalines 71UI/l(35–104UI/l et gamma-GT 13UI/l (5–36UI/l, le bilan martial était normal et les CPK à 54UI/l(20–200UI/l. Il n’y avait pas de syndrome inflammatoire biologique. L’électrophorèse des protides sériques était sans particularité, les sérologies de Lyme, CMV, hépatites A, B, C, VIH et fièvre Q étaient négatives. Le bilan immunologique retrouvait des anticorps antinucléaires au 1/160e, sans anti-ADN, ni anti-ENA. Les anticorps antimuscles lisses, mitochondries et LKM1 étaient négatifs. Le DOT myosite était négatif. Il n’y avait pas de protéinurie, et l’haptoglobine était normale. L’échographie abdominale retrouvait des angiomes hépatiques, sans hépatosplénomégalie. Le scanner abdominopelvien et l’IRM hépatique confirmaient les angiomes sans déceler de lésion suspecte. L’échographie cardiaque transthoracique ne révélait aucune anomalie. Trois mois après le début des explorations, la patiente ne décrivait plus de myalgies mais il persistait des ASAT à 12 fois la normale. L’examen clinique était normal. Le sérum de la patiente a été adressé dans un laboratoire spécialisé où il a été confirmé par électrophorèse l’existence d’un macrocomplexe ASAT. Après identification par chromatographie de filtration sur gel, ce macrocomplexe était formé par l’association d’ASAT et immunoglobulines (majoritairement des IgG, peu d’IgA). L’ASAT était de nature cytosolique, iso-enzyme normale présente dans le sérum. Cette forme de macro-ASAT n’était pas pathologique.
Discussion |
L’existence des macro-enzymes a largement été décrite dans la littérature [3, 1, 2]. Il s’agit de complexes de haut poids moléculaire formés par la liaison entre une enzyme (ASAT, ALAT, CPK, LDH, GGT…) et une macromolécule : soit une Ig (macro-enzyme de type 1), soit une autre molécule, autopolymérisation, médicaments, lipoprotéines… (macro-enzyme de type 2). Cette forme de macro-ASAT ne signe pas de pathologie particulière, bien qu’elle puisse parfois être associée à des pathologies auto-immunes. Le type 2 est associé, à l’exception des médicaments, à une pathologie hépatobiliaire [3, 2]. Dans ce cas, l’existence de myalgies a pu faire penser à une pathologie musculaire.
Conclusion |
Une élévation isolée et asymptomatique d’une enzyme en l’absence de tableau clinique associé, doit faire penser au diagnostic de macro-enzyme pour limiter des examens complémentaires inutiles et onéreux.
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Vol 39 - N° S2
P. A208 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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