Recours à la biothérapie dans la prise en charge de la maladie de Behçet - 28/11/18

Résumé |
Introduction |
La maladie de Behçet (MB) est une maladie multisystémique récidivante responsable de vascularites occlusives avec atteintes artérielles, veineuses et capillaires. Les cytokines pro-inflammatoires, et les lymphocytes T ont un rôle important dans la physiopathologie de la MB. Ainsi, les approches immunomodulatrices comme l’inhibition des voies de signalisation du TNF, de l’IL-1 ou de l’IL-6, ou la déplétion en lymphocytes T sont des options thérapeutiques intéressantes dans la MB [1 ]. L’objectif de cette étude est de déterminer la fréquence et les facteurs favorisants du recours à la biothérapie dans de la prise en charge des patients suivis dans notre service pour MB.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective, ayant porté sur l’analyse des dossiers des patients suivis pour maladie de Behçet dans notre service de janvier 2005 à août 2018. Le nombre total de patients traités dans le service pour maladie de Behçet était de 41 patients. Vingt-neuf patients sur les 41 (71%) répondaient aux critères de classification de l’International Criteria for Behçet's Disease (ICBD) 2013 (score≥4). Les 12 autres patients avaient un score entre 2 et 3, mais présentaient des tableaux clinicobiologiques compatibles avec la maladie de Behçet sans arguments pour une autre pathologie inflammatoire.
Résultats |
L’âge moyen au diagnostic était de 42,5 ans±12,1 avec des extrêmes de 16 ans et 63 ans. Les hommes étaient légèrement majoritaires avec une sex-ratio de 1,05. L’aphtose (buccale et/ou génitale) était présente chez 70,7% des patients. Elle était buccale dans 97% des cas, génitale dans 41% des cas et bipolaire dans 38% des cas. Les autres atteintes étaient: oculaires (78,0%), articulaires (46,3%), cutanées (41,5%), neurologiques centrales (34,1%), vasculaires (26,8%), digestives (7,3%). L’atteinte péricardique a été notée chez un patient (2,4%), de même que l’atteinte épididymaire. Un syndrome inflammatoire biologique était présent chez 31,7% des patients. Le HLA B51 était retrouvé dans 44,0% des cas. La biothérapie a été utilisée chez 15 patients, soit une fréquence de 36,6%, après échec des traitements conventionnels (colchicine, corticoïdes, immunosuppresseurs). Il s’agissait essentiellement de l’interféron α et des anticorps monoclonaux. Les anticorps monoclonaux utilisés étaient des anti-TNF α (infliximab, adalimumab, certolizumab et golimumab) sauf chez un patient où l’ustékinumab a été utilisé (anti-Il12 et anti-Il23). L’étude analytique univariée n’a identifié que l’atteinte oculaire comme facteur associé au recours à la biothérapie. Le recours à la biothérapie s’est fait dans 46,9% des cas chez les patients ayant une atteinte oculaire et de 0 % chez les patients n’en ayant pas (p=0,0099). Les autres facteurs étudiés et non associés étaient: l’âge (p=0,1328), le sexe (p=0,8370), l’atteinte cutanée (p=0,0673), neurologique centrale (p=0,4430), vasculaire (p=0,4535), articulaire (p=0,4953), digestive (p=0,1718) et la présence du syndrome inflammatoire biologique p=0,5983).
Discussion |
La fréquence du recours à la biothérapie chez nos patients était de 36,6% et ce recours était associé aux atteintes oculaires. L’uvéite liée à la MB est une affection oculaire grave, potentiellement cécitante [2 ]. L’atteinte oculaire est inaugurale de la maladie dans 20% des cas ou se manifeste deux à trois ans après le début des signes extra-oculaires. Elle peut être de localisation antérieure, intermédiaire, postérieure ou totale (panuvéite). Les anti-TNF représentent une alternative thérapeutique séduisante dans la MB [2 ]. L’adalimumab, anticorps monoclonal humanisé, est actuellement le plus utilisé des anti-TNF alpha dans les uvéites non infectieuses. Il diminuait significativement le risque de rechute et de baisse d’acuité visuelle à la décroissance de la corticothérapie, tout en ayant un bon profil de tolérance à court terme [3 ]. Cependant, il est proposé de réserver l’utilisation des anti-TNF-alpha en cas de réponse inadéquate ou inexistante à l’azathioprine ou à des cas graves. Dans notre série, le recours à la biothérapie a été motivé par l’échec des traitements conventionnels. Les biothérapies les plus utilisées étaient les anti-TNF alpha. L’utilisation de l’interféron était marginale et d’une efficacité limitée.
Conclusion |
Le recours aux biothérapies s’avère efficace et représente une solution aux échecs des traitements conventionnels dans les formes sévères de la maladie de Behçet.
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Vol 39 - N° S2
P. A194-A195 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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