Les méningites récurrentes aseptiques sont-elles des maladies auto-inflammatoires ? À propos de 11 cas - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Les méningites récurrentes aseptiques (MRA) sont définies par la survenue d’au moins 2 épisodes de syndrome méningé fébrile associée à une pléiocytose à neutrophiles à l’analyse LCR, sans documentation bactériologique, avec normalisation clinique et biologique entre les épisodes. Une fois les diagnostics différentiels écartés, reste un syndrome sans cadre nosologique clair ni données claires concernant l’évolution, les options thérapeutiques et les causes génétiques. Notre hypothèse était qu’il s’agit d’une maladie auto-inflammatoire (MAI) avec neuroinflammation comme expression principale. Notre objectif était de décrire les caractéristiques phénotypiques, évolutives, et génétiques des MRA.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective descriptive multicentrique des cas de MRA adultes recensés en France via le centre de référence des maladies auto inflammatoires adultes.
Résultats |
Onze patients dont 6 femmes, d’âge médian 38,5 ans (extrêmes :10–80 ans) à la première poussée ont été inclus. Il s’agissait de cas sporadiques et non consanguins chez des patients majoritairement caucasiens (9/11). Les principales manifestations cliniques en crise étaient : fièvre et céphalées (100 %), arthromyalgies (54,5 %), éruption maculaire ou urticariforme (45,5 %), Poly-adénopathies et/ou hépato splénomégalie (27,3 %), atteinte ophtalmologique (18,2 %) : kératite interstitielle bilatérale avec uvéite antérieure (n=1) et infiltration péri-orbitaire (n=1), et douleur abdominale (9,1 %). Les crises avaient une durée moyenne de 9,6jours [2–21] et une fréquence annuelle de 1 à 12/an. Les taux moyen de CRP en crise étaient de 150mg/L et l’analyse du LCR montrait une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, avec une protéinorachie élevée aux alentours de 1g/l pour 6/11 patients, et une glycorachie normale. L’imagerie cérébrale (n=7) était anormale dans 27,3 % : myélite transverse C4-C6 et hypersignaux périventriculaire (n=1) hypersignaux flair bi-temporaux et microbleeds (n=1). Les diagnostics différentiels évoqués étaient pour tous une infection avec antibiothérapie probabiliste, puis un bilan large avec notamment la recherche de mycobactéries, de bactéries intracellulaires et/ou atypiques (11/11), d’une maladie de Whipple (chez au moins 4 patients/11), puis la recherche d’une maladie auto-immune ou d’une vascularite (8/11), la recherche d’une anomalie cérébrale par IRM (7/11), la recherche d’une néoplasie sous-jacente par TEP scanner (8/11), la recherche d’une myélodysplasie ou d’un lymphome (6/11), la recherche d’un syndrome des hyper IgG4 (3/11), la recherche d’une cause médicamenteuse (2/11), et enfin la recherche des anticorps anti neuronaux type NDMA (2/11). Le délai moyen pour poser le diagnostic de MAI était de 6 ans [1–24]. Une analyse génétique par la technique Sanger avait été effectuée chez 7 patients et montré la présence de variants de signification indéterminée à l’état hétérozygote chez 4 patients : MVK (n=1) ; NLRP3 (n=1) ; MEFV (n=1) ; MEFV et TNRFS1A (n=1). Une analyse par séquençage nouvelle génération avait été réalisée chez 2 patients : un variant hétérozygote de MVK Q290H a été retrouvé et l’autre est en cours. Les traitements essayés étaient par ordre de fréquence : corticoïdes (10/11) avec une corticodépendance (5/11), colchicine (4/11), anti-IL1 (4/11), méthotrexate (3/11), anti-IL6 (2/11), immunosuppresseurs (1/11). Ces traitements diminuent la fréquence et la durée des poussées. Des récidives ont été observées à l’arrêt pour la Colchicine (2/11), les anti-Il1 (1/11), les anti-IL6 (1/11). Les séquelles étaient : asthénie (5/11), trouble de la marche (3/11 patients), fatigabilité musculaire (1/11), syndrome dépressif (1/11). Un patient a présenté des complications infectieuses sévères sous traitement par anti-Il1 (pneumocystose, toxoplasmose rétinienne).
Conclusion |
Il s’agit d’une série de méningites à PNN associées à des symptômes inflammatoires récurrents faisant évoquer une maladie auto-inflammatoire sans qu’aucun patient présente les caractéristiques cliniques et génétiques d’une MAI clairement authentifiée. Chez ces patients, le délai d’évocation d’une pathologie auto-inflammatoire est long, avec un nombre conséquent d’explorations faites pour éliminer les diagnostics différentiels, et de nombreux traitements essayés notamment les immunosuppresseurs. Devant la présence de méningite à PNN, après avoir éliminé une pathologie infectieuse, les PNN représentant l’immunité innée, le diagnostic de maladie auto-inflammatoire devrait être évoqué ainsi que les options thérapeutiques qui en découlent.
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Vol 39 - N° S2
P. A101-A102 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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