Le bilan iconographique dans le cadre de l’instabilité chronique de la cheville manque souvent de précision pour l’analyse des lésions du ligament talofibulaire antérieur (LTFA) et ne permet pas toujours de guider le chirurgien pour choisir en préopératoire l’intervention la plus adaptée à la situation. L’arthroscopie est devenue un outil indispensable dans le diagnostic précis des lésions du LTFA. Le but de notre étude était d’établir une corrélation entre l’analyse arthroscopique et iconographique du LTFA. L’objectif principal était d’adapter une classification arthroscopique des lésions chroniques du LTFA à l’analyse préopératoire iconographique pour connaître les performances diagnostiques de l’arthroscanner, de l’échographie et de l’IRM dans le diagnostic des lésions du LTFA en prenant comme référence l’analyse arthroscopique.

Il s’agit d’une étude prospective multicentrique de 286 cas d’instabilité chronique de cheville opérés par technique arthroscopique. Pour chaque cas l’analyse arthroscopique du LTFA a été comparée à la description iconographique des lésions du LTFA. Les examens iconographiques incluaient l’arthroscanner, l’échographie et l’IRM. Une classification commune des lésions du LTFA basée sur la description arthroscopique a été utilisée pour l’analyse iconographique. Deux observateurs indépendants ont comparé les résultats et analysé la corrélation arthroscopie–imagerie à partir de cette classification.

Au final 157 cas avec informations complètes à la fois sur le bilan arthroscopique et sur le compte rendu d’imagerie ont été conservés et analysés. Il y avait 49 cas avec arthroscanner, 63 cas avec échographie, et 45 cas avec IRM ; dans 3 cas il y avait 2 examens iconographiques interprétables (IRM et échographie). La corrélation était de 82 % et 88,5 % pour l’arthroscanner, de 66,7 % et 76,2 % pour l’échographie, de 70,5 % et 79,5 % pour l’IRM et de 73,4 % et 81,2 % toute imagerie confondue.

L’arthroscopie a une place très importante dans le bilan lésionnel ligamentaire ultime dans le cadre de l’instabilité chronique de la cheville car elle permet un diagnostic beaucoup plus précis que tous les examens d’imagerie actuels avec en plus une analyse dynamique des ligaments et de leur résistance. Dans tous les cas de cette série des lésions du LTFA ont pu être visualisées grâce à l’examen arthroscopique simple et ont pu redresser ou confirmer le diagnostic iconographique préopératoire et surtout mieux préciser le type de lésion et la qualité du LTFA. Enfin l’arthroscopie a permis de mieux comprendre les lésions chroniques du LTFA et d’en proposer une classification simple et précise en 4 stades pouvant directement servir de guide dans le choix thérapeutique. Il est important de diffuser cette classification aux radiologues afin d’améliorer les performances des examens iconographiques préopératoires pour aider le chirurgien dans son choix thérapeutique et mieux informer les patients. Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer les résultats prometteurs de cette étude et l’intérêt de cette classification commune sur les lésions chroniques du LTFA.

II.