Complications uro-néphrologiques avec les antagonistes NMDA : illustration avec la kétamine - 04/11/18
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Résumé |
Introduction |
La kétamine, antagoniste des récepteurs NMDA est un « vieux » et indispensable médicament, sans équivalent en anesthésie-réanimation, expliquant qu’il figure, sur la liste essentielle des médicaments de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les travaux fondamentaux et cliniques de neuropsychopharmacologie utilisant la kétamine, comme médicament traceur ou analyseur des comportements ont « explosé » (plus de 700 publications par an), ouvrant la porte à de nouvelles perspectives physiopathologiques notamment dans le champ des maladies neurologiques et psychiatriques. En même temps, son risque addictif s’est confirmé et des complications uro-néphrologiques ont émergé chez l’homme, conduisant à une meilleure connaissance de ses risques potentiels.
Méthodes |
Une analyse globale et intégrée de l’ensemble des données disponibles de pharmacologie fondamentale et clinique portant sur ces complications uro-néphrologiques a été réalisée à partir du dernier rapport national d’addictovigilance complété par les données récentes de la littérature.
Résultats |
Ces atteintes vésicales ont été décrites initialement chez des douloureux chroniques et chez les sujets abuseurs de kétamine. Ces complications se manifestent notamment par des cystites interstitielles, une hématurie, une sténose bilatérale des uretères, une hydronéphrose, une rétention urinaire chronique, une insuffisance rénale, une nécrose papillaire. Des travaux expérimentaux in vitro et in vivo chez l’animal, ont mis en évidence une toxicité directe de la kétamine par différents mécanismes (inflammation, apoptose, altération endothéliale,…). La prise en charge de ces complications est symptomatique. L’arrêt de la consommation entraîne quelquefois la régression des symptômes. Certaines atteintes sévères et irréversibles ont conduit à des interventions chirurgicales de type cystoplastie, cystectomie avec dérivation des uretères, auto-transplantation bilatérale avec pyelovésicostomie. Des injections intravésicales d’acide hyaluronique sont également utilisées dans certains cas. D’autres produits à utilisation intravésicale comme la lipotoxine sont actuellement testés sur des modèles animaux de cystite induite par la kétamine.
Conclusion |
L’usage de la kétamine à visée récréative, ou dans un contexte d’abus a considérablement augmenté dans le monde (y compris en France). Son utilisation répétée, itérative quel que soit l’usage (récréatif, douleur) ou encore dans la dépression, compte tenu d’un effet rapide et transitoire nécessitant justement de réitérer les doses, expose les sujets, à un risque d’abus et également à ce risque de complications uro-néphrologiques dont le diagnostic et la prise en charge sont complexes. Des complications similaires ont été également rapportées avec la méthoxétamine, NPS et antagoniste NMDA, suggérant un potentiel effet de classe à surveiller.
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Vol 73 - N° 6
P. 557 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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