La surdité est un fait complexe, à la fois physiologique, social et culturel. Depuis 40 ans, le retour de la langue des signes française, l'évolution des techniques prothétiques, les découvertes génétiques et le dépistage précoce ont beaucoup changé la prise en charge de l'enfant sourd. L'idée d'une « psychologie du sourd » a été abandonnée, certaines des particularités cognitives de l'enfant sourd ont commencé d'être mieux identifiées, tandis que les notions de troubles « associés » et de troubles dits « spécifiques » venaient reposer la question des éventuelles conséquences psychiques de la surdité. Aujourd'hui, cette prise en charge fait appel à de nombreux métiers et à des discours différents. Un de nos rôles propres est d'aider l'enfant ou l'adolescent sourd, et sa famille, à faire avec les divergences et contradictions de ces discours, qui occasionnent parfois des effets psychiques redoublant ceux de la surdité elle-même. On partira donc ici de l'état des lieux de sa prise en charge pour examiner les situations à risque psychique de l'enfant et/ou de l'adolescent sourd. Lors des moments tournants que sont le cheminement vers le diagnostic, le choix de langue, l'entrée dans la communication, l'investissement des apprentissages, l'adolescence, l'intervention médicopsychologique permet de repérer les symptômes éventuels et d'ouvrir à des propositions préventives ou curatives. Elle doit pour cela être au fait d'une actualité scientifique qui évolue à grande vitesse, tout en conservant ses références à la clinique, à la psychopathologie et à la psychanalyse, dont cette actualité retrouve d'ailleurs bon nombre d'intuitions.