Cet article vise à mettre en évidence les caractéristiques des trajectoires de jeunes mineurs non accompagnés, avant, pendant et après la migration, et d’identifier les tuteurs de résilience qui leur permettent un accrochage aux nouveaux environnements et la possibilité de maintenir une continuité dans leurs histoires. Il montre la nécessité d’accompagner leur déménagement.

À partir de données cliniques et institutionnelles issues d’examens psychologiques et de dossiers de 16 mineurs non accompagnés, 6 analyseurs sont utilisés pour les traiter : antécédents traumatiques, raisons du départ, conditions de la traversée, conditions d’arrivée, parcours depuis l’arrivée, tuteurs de résilience.

L’analyse transversale et étayée de deux vignettes cliniques, montre que les traumatismes des mineurs non accompagnés datent d’avant la migration, avec des trajectoires familiales et institutionnelles chaotiques. Face aux ruptures de la migration, aux conditions psychiques, matérielles et administratives postmigratoires, ils mettent momentanément leurs émotions en latence. Ils s’appuient sur des tuteurs de résilience externes (liens intersubjectifs) et des ressources internes (intrapsychiques, souvenirs, culture). Même si certains tuteurs ont un statut paradoxal étant aussi source de souffrance, les mineurs non accompagnés s’y appuient pour composer une nouvelle façon d’habiter leur psyché et leur lieu d’accueil, et reprendre le cours de leur construction identitaire.

Les professionnels ont une fonction d’intermédiaire et de passeur éclairé pour accompagner ces jeunes dans une « pensée du déménagement », pour qu’ils habitent leurs corps, leurs psychés et investissent les lieux autant physiques que psychiques. Les professionnels devraient tenir compte de ces processus traumatiques et résilients dans l’accompagnement des mineurs non accompagnés.

This article aims to highlight the characteristics of the trajectories of Unaccompanied Foreign Minors (UFMs), before, during and after migration, and to identify resilience guardians who allow their hooking to new environments and the ability to maintain continuity in their stories. It shows the need to support their new habitation movement.

Based on clinical and institutional data of 16 UFMs, 6 analyzers are used: traumatic history, the departure reasons, conditions of the trip, conditions of arrival, journey from the arrival and resilience tutors.

Cross-sectional analysis and two short clinical cases show that the UFMs injuries predate the migration, with chaotic family and institutional trajectories. Faced with disruptions of migration, psychic, material administrative and post-migration difficulties, they momentarily put their emotions into latency. They are helped by external tutors of resilience (intersubjective bonds) and internal resources (intra-psychic, memories, culture). Although some tutors have a paradoxical status by being a source of suffering, UFMs rely on these tutors to compose a new way of living in their psyche and their venue, and get on with their identity construction.

The professionals have the function of intermediaries and informed smuggler to accompany these young people in a “thought of the move”, which is necessary to inhabit their bodies, psyches and invest both physical and mental places. Professionals should consider these traumatic and resilient processes in supporting unaccompanied foreign minors.