Prévalence et phénotype clinique associés aux anticorps anti-Th/To dans la sclérodermie systémique - 06/06/18

Résumé |
Introduction |
La sclérodermie systémique (ScS) est une maladie systémique auto-immune rare et hétérogène associant une fibrose diffuse et une vasculopathie. La présence d’autoanticorps permet d’identifier et de stratifier les malades. Les anticorps anti-Th/To sont des anticorps anti-nucléolaires décrits pour la première fois en 1982. Leur prévalence et leur phénotype clinique ne sont pas bien caractérisés et varient grandement en fonction des séries de patients. L’objectif de cette étude est d’estimer la prévalence de cet autoanticorps et le spectre clinique associé.
Patients et méthodes |
Nous avons effectué une revue systématique via PubMed jusqu’en décembre 2017. Les études incluses comprenaient au moins 30 patients présentant une ScS selon les critères internationaux et âgés de 16 ans ou plus. La prévalence a été estimée après une transformation arsine. Les odds ratio (OR) explorant l’association des manifestations des patients en fonction des autoanticorps ont été pondérés par l’inverse de la variance. Un modèle d’effet aléatoire a été utilisé en cas d’hétérogénéité significative (I2>50 %). L’hétérogénéité a été explorée par une méta-régression (variable continue) et une analyse en sous-groupe (variable discrète).
Résultats |
Nous avons inclus 23 études comprenant un total de 7829 patients dont 244 positifs pour les anticorps anti-Th/To. L’âge moyen variait de 39 à 62 ans et les femmes représentaient 70 à 93 % des patients. La prévalence des anticorps anti-Th/To était estimée à 2,7 % (IC95 % : 1,8–3,7 %) avec une grande hétérogénéité en fonction des études (I2=84 %). La prévalence était moins importante en cas d’utilisation d’immunoblot (1,6 %, IC95 % : 0,7–2,8) comparivement à la technique d’immunoprécipitation (3,4 %, IC95 % : 2,0–5,1) (p=0,006 entre les deux techniques). La distribution en fonction des pays n’étaient pas en faveur d’une différence génétique quant à la prévalence (p=0,10). Les anticorps anti-Th/To étaient principalement trouvés chez les patients ayant une ScS cutanée limitée ; seulement 18 % (IC95 % : 6–33) des patients positifs pour ces autoanticorps avaient une ScS cutanée diffuse. Les ulcères digitaux étaient présents chez 47 % (IC95 % : 28–68) des patients ayant des anticorps anti-Th/To, le reflux gastro-œsophagien (RGO) chez 40 % (IC95 % : 32–49), les arthralgies chez 16 % (IC95 % : 2–40) et les atteintes musculaires chez 5 % (IC95 % : 2–10) de ces patients. Concernant les atteintes sévères, 37 % (IC95 % : 29–45) des patients présentaient une pneumopathie interstitielle diffuse (PID), 12 % (IC95 % : 3–25) une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), 6 % (IC95 % : 0–18) une atteinte cardiaque et 3 % (IC95 % : 0–10) une atteinte rénale. Les patients avec anti-Th/To avaient plus de chance de présenter une HTAP (OR : 4,70, IC95 % : 3,00–7,37) et une PID (OR : 3,02, IC95 % : 1,60–5,71). Comparativement aux autres autoanticorps, les patients ayant des anticorps anti-Th/To avaient moins de ScS cutanée diffuse en particulier comparé aux patients ayant des anticorps anti-Scl70 (OR : 0,12, IC95 % : 0,04–0,37), anti-ARN polymérase III (OR : 0,06, IC95 % : 0,02–0,22), anti-PM/Scl (OR : 0,34, IC95 % : 0,15–0,79) et anti-fibrillarine (OR : 0,05, IC95 % : 0,02–0,11). Comparativement aux patients porteurs anticorps anti-centromères, ces patients avaient plus souvent une atteinte musculaire (OR : 3,69, IC95 % : 1,25–10,89), de PID (OR : 4,95, IC95 % : 3,12–7,88), et d’atteinte rénale (OR : 7,09, IC95 % : 1,87–26,94) mais moins souvent de RGO (OR : 0,40, IC95 % : 0,27–0,61). Comparativement aux porteurs d’anticorps anti-Scl70, ils avaient moins souvent de PID (OR : 0,4,2, IC95 % : 0,23–0,75). Comparé aux porteurs d’anticorps anti-ARN polymérase III, ils présentaient moins souvent une atteinte articulaire (OR : 0,1,9, IC95 % : 0,10–0,38) et plus souvent une HTAP (OR : 5,11, IC95 % : 2,3–11,30). Comparativement aux porteurs d’anti-PM/Scl, ils avaient moins souvent d’atteinte cardiaque (OR : 0,34, IC95 % : 0,16–0,72). Comparativement aux porteurs d’anticorps anti-fibrillarine, ils présentaient plus souvent une atteinte articulaire (OR : 0,19, IC95 % : 0,07–0,47) et moins souvent une atteinte musculaire (OR : 0,32, IC95 % : 0,11–0,95).
Conclusion |
Les anticorps anti-Th/To sont des anticorps rares avec une prévalence globale de 3 % au cours de la sclérodermie systémique. Leur fréquence semble être influencée par la technique de dosage, suggérant une différence de sensibilité entre l’immunoblot et l’immunoprécipitation, cette dernière étant la technique de référence. Ils délimitent un phénotype particulier et sont associés aux formes systémiques cutanées limitées avec une fréquence plus fréquente des atteintes viscérales comparativement à celle des formes associées aux anti-centromères.
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Vol 39 - N° S1
P. A87 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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