Analyse des capacités de régénération des cellules souches musculaires dans la dermatomyosite - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
Dans la dermatomyosite (DM), la balance nécrose/régénération de la fibre musculaire apparaît comme négative, avec une lésion musculaire chronique, dictant l’évolution clinique de la maladie. Les mécanismes lésionnels ont été largement investigués, notamment ceux liés à l’immunité acquise, et ont conduit à la découverte d’autoanticorps, sans que ne se dégagent d’avancées notables sur la prise en charge. Cependant, les capacités de régénération ont été très peu documentées. Dans un muscle normal, une lésion musculaire enclenche le processus de régénération, qui est une réparation ad integrum des fibres musculaires. La régénération est possible grâce au processus de myogenèse adulte, incluant la sortie de quiescence des cellules souches musculaires (CSM), leur prolifération, puis leur différenciation myogénique terminale et enfin leur fusion en myotubes puis en fibres musculaires.
L’hypothèse de travail est que dans un contexte de lésion chronique comme la DM, les propriétés de régénération musculaire des CSM pourraient être altérées du fait de la présence continue de signaux de régénération et de signaux inflammatoires environnants.
Matériels et méthodes |
L’analyse détaillée de la myogenèse est réalisée sur des CSM issues de patients DM (total n=8) et comparée à un groupe de contrôles (n=5) appariés sur le sexe et l’âge. Les cas de DM sont définis comme léger, modéré et sévère à l’aide d’une classification anatomopathologique s’appuyant sur la classification des DM juvéniles (Wedderburn et al., 2007). Les échantillons de patients et contrôles sont obtenus à la biobanque TissuTumorotèque Est (CRB-HCL hospices civils de Lyon BB-0033-00046).
Les CSM sont cultivées in vitro selon plusieurs protocoles qui permettent d’analyser spécifiquement les différentes étapes de la myogenèse par des techniques d’immunofluorescence. La prolifération des cellules est évaluée par inclusion d’un analogue à la thymidine marqué identifiant les cellules en cycle (protocole Click-it EDU). La différenciation myogénique terminale des cellules est évaluée par leur expression de la myogénine, qui est un facteur de transcription indispensable à la différenciation myogénique. Enfin, la fusion des cellules est quantifiée par le nombre de noyaux dans les cellules différenciées plurinucléées qui résultent d’une fusion cellulaire (myotubes). Une analyse quantitative des différentes étapes a été réalisée après numérisation des images à l’aide du logiciel Image J.
Résultats |
La prolifération des CSM n’était pas significativement différente entre les groupes patients et contrôles cultivées dans les mêmes conditions. En revanche, l’analyse de la myogenèse a montré une altération très importante chez les 3 cas DM sévères étudiés à ce jour, comparés aux contrôles. Concernant la différenciation myogénique, on observe que le nombre de cellules engagées dans la différenciation terminale (exprimant la myogénine) était significativement plus faible dans les DM comparé aux contrôles (26 % vs 70 %). Concernant la fusion, l’index de fusion (ratio du nombre de noyaux présents dans des myotubes/nombre total de noyaux) était également fortement altéré chez les DM versus contrôles (28 % vs 76 %). La répartition des myotubes en différentes classes en fonction de leur nombre de noyaux montre des profils différents entre les contrôles et les DM.
Conclusion |
Ces premiers résultats montrent une altération importante des capacités régénératives des CSM issues de muscle de patients DM avec notamment une incapacité à enclencher la différenciation terminale. Les analyses à venir permettront d’un part de disséquer précisément quelle étape de la myogenèse est altérée (régulation du programme myogénique versus fusion per se) et d’autre part d’établir un lien entre capacités régénératives des CSM et gravité clinique de la DM.
Ces résultats supportent l’hypothèse d’une modification intrinsèque des propriétés myogéniques des CSM des patients DM. Une diminution des capacités régénératives du muscle dans la DM pourrait constituer un nouvel élément dans la pathogénie de cette maladie, en lien avec sa chronicisation.
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Vol 39 - N° S1
P. A68 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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