Gestion d’une épidémie de colonisations à entérobactéries porteuses de carbapénémases (EPC) en oncologie thoracique - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
La prise en charge des patients colonisés à EPC représente un challenge en terme de santé publique et de prise en charge individuelle. Au cours d’une hospitalisation, ils relèvent de prise en charge spécifique, avec la mise en place de mesures renforcées (cohorting, équipe dédiée, dépistage des patients contacts) aux conséquences économiques (surcoût des politiques d’isolement et de dépistage) et médicales (perte de chance par mise en second plan du motif initial d’hospitalisation). Via l’exemple d’une cohorte de patients colonisés à EPC, nous illustrons la balance bénéfice/risque de ces mesures en soulignant le rationnel des politiques de cohorting, l’intérêt des mesures de décolonisation et la perte de chance associée à ces mesures.
Matériels et méthodes |
Étude descriptive d’une cohorte de 6 patients de octobre 2017 à février 2018 pris en charge en service de Maladies infectieuses et tropicales (MIT) lors d’une épidémie de colonisation digestive à EPC (OXA48) en secteur de réanimation et d’oncologie thoracique. Description des caractéristiques des patients, leur prise en charge, et la perte de chance quantifiée en jours de délai de prise en charge de pathologie initiale.
Résultats |
Sept cas ont été recensés au cours de l’épidémie. Le patient index était une femme de 73 ans, suivie pour adénocarcinome pulmonaire, prise en charge pour détresse respiratoire en réanimation puis transférée en service d’oncologie thoracique. Six cas secondaires ont été documentés, dont un en réanimation (décédé avant possibilité de transfert) et 5 en oncologie thoracique. Six patients ont été transférés en MIT après une durée moyenne de 28jours post-documentation. Les caractéristiques étaient : un sex-ratio de 1 :2, en moyenne un âge de 58 ans (±16,3), un score de Charlson 8 (±3,6). Ils présentaient des pathologies néoplasiques (n=5, dont 3 carcinomes pulmonaires, un laryngé, un urothélial), à l’exception d’une patiente prise en charge pour pleurésie due à une fistule gastro-pleurale. Les autres sites de colonisation étaient urinaire (n=5), cutané (n=2), oropharyngé (n=3), dispositifs médicaux (n=2). Après prise en charge des 6 patients en MIT par isolement (n=6), réalisation de greffes de microbiote digestif (n=5), dont 4 par voie naso-gastrique (taux de succès de 75 %) et une par lavement rétentionnel (colonisation persistante), aucun cas secondaire n’a été recensé au sein du service d’oncologie thoracique. Trois patients sont décédés faute de prise en charge carcinologique. Chez les patients survivants, la perte de chance était de 29,7jours en moyenne (±19), 32j (±19) en intégrant les patients décédés à la date de leur décès.
Conclusion |
La prise en charge de ces patients a permis la limitation en durée de l’épidémie d’EPC avec un important taux de décès attribuables à l’évolution carcinologique des patients, dans un contexte de délai de prise en charge attribuable à la colonisation à EPC.
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Vol 48 - N° 4S
P. S46 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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