Dynamiques temporelles de remboursements de médicaments anxiolytiques chez des nouveaux consommateurs âgés de 50 ans et plus - 22/05/18
Résumé |
Introduction |
Les benzodiazépines anxiolytiques (BZD-A) font partie des médicaments les plus prescrits pour traiter l’anxiété sévère [1 ]. Les BZD-A présentent un risque de syndrome de sevrage, de troubles cognitifs et possiblement de démence, particulièrement en cas d’utilisation chronique et chez les personnes âgées [2 , 3 ]. Ainsi, la durée maximale recommandée d’un traitement par BZD-A est limitée à 12 semaines en France et 4 semaines chez les personnes âgées de 65 ans et plus [4 ]. Cependant l’usage chronique de BZD-A reste fréquent en population générale, principalement chez les personnes âgées [5 ]. Peu de travaux ont étudié les dynamiques temporelles de l’usage des BZD-A sur de longues périodes (>5 ans).
Objectifs |
Identifier les trajectoires temporelles d’usage de BZD-A chez les nouveaux consommateurs de BZD-A âgés de 50 ans ou plus et suivis durant 10 ans, et décrire les caractéristiques démographiques, cliniques et les traitements associés à chaque trajectoire.
Méthode |
Une cohorte représentative de la Caisse nationale d’assurance maladie française (construite à partir de l’Échantillon généraliste des bénéficiaires) a été suivie de janvier 2006 à décembre 2015 (n=130 686). Nous avons exclu les personnes avec au moins une délivrance de BZD-A en 2005. Des modèles mixtes à classes latentes (LCMM), stratifiés selon l’âge à l’inclusion (50–64, 65–74, 75–84,85+) et le sexe, ont été utilisés pour identifier les trajectoires d’usage de BZD-A durant le suivi. Les caractéristiques associées à chaque trajectoire ont été étudiées par des modèles logistiques multivariés polytomiques.
Résultats |
Nous avons identifié quatre trajectoires d’usage des BZD-A parmi les nouveaux consommateurs (aucune délivrance en 2005) et une trajectoire de non-utilisateurs (Fig. 1). Parmi les consommateurs de BZD-A, 60 % consommaient de façon « occasionnelle » ; chez 10 %, une augmentation rapide de la fréquence d’usage était observée et une augmentation tardive (décalées de plusieurs années) chez 17 % ; enfin, chez 13 % des consommateurs, on observait une augmentation puis une diminution progressive de la fréquence d’utilisation. L’incidence de l’usage « occasionnel » diminuait avec l’âge chez les femmes, mais pas chez les hommes. La durée des épisodes de traitement et les doses délivrées différaient selon les trajectoires. Une régression polynomiale prenant l’usage « occasionnel » comme référence a montré que les trois autres trajectoires partageaient certaines caractéristiques (âge, co-prescriptions d’autres psychotropes, nombre de consultations avec les médecins généralistes). Cependant, elles différaient en fonction de la présence à l’inclusion (ou l’apparition pendant le suivi) d’affections psychiatriques, neurodégénératives et/ou somatiques.
Conclusion |
Quatre trajectoires temporelles différentes d’usage ont été observées chez les nouveaux consommateurs de BZD-A (usages occasionnels, augmentant rapidement, augmentant tardivement et augmentant puis diminuant progressivement). Les difficultés d’arrêt ou de réduction de la consommation de BZD-A peuvent être très différentes en fonction de trajectoires suggérant que les interventions visant à l’arrêt de la consommation de BZD-A doivent être adaptées au profil de consommation des patients.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Usage des benzodiazépines, Usage des anxiolytiques, Modèles à classes latentes
Plan
Vol 66 - N° S4
P. S217-S218 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.