La somnolence au volant est un facteur humain des accidents de la route, lié non seulement à une privation chronique de sommeil et un travail à horaires irréguliers mais aussi avec certaines pathologies et médicaments, les accidents de la circulation qui en résulte sont sévères et souvent mortels. Les accidents mortels de la route sont un peu plus de 26 000 dans l’Union européenne en 2015, au Maroc les 3593 accidents mortels en 2016, la part attribuable à la somnolence est sous-estimée du fait de l’impossibilité de réaliser des mesures objectives au moment de l’accident.

C’est une étude transversale rétrospective menée auprès 170 conducteurs d’autocars professionnels dans la Wilaya de Marrakech dans le but d’évaluer la prévalence de la somnolence au volant chez les conducteurs à l’aide d’un auto-questionnaire à fin de préciser les causes et d’en définir les modalités de prévention.

Sur 170 conducteurs professionnels de sexe masculin, la moyenne d’âge est de 41 ans, dont 69 % sont mariés et 53 % ayant une ancienneté professionnelle de 10 ans. La durée moyenne du travail est de 12,1heures, 26 % alternent jour et nuit, et 17,6 % travaillent la nuit avec une récupération moyenne de 24heures. 42 % des conducteurs déclarent ressentir parfois la somnolence au volant, dont 24,7 % ayant un score d’Epworth anormal et 10,6 % ayant déjà fait un accident.

Plusieurs séries d’analyse de prévalence de la somnolence selon l’échelle d’Epworth ont été menées, les résultats étaient 21 % selon l’étude de Souza et al., 26,6 % selon Barbe et al., cette prévalence est proche de celle de notre étude. L’analyse d’une enquête réalisée en 2014 par l’ESRS (European Sleep Research Society) sur la conduite et la somnolence dans 19 pays, a objectivé que la prévalence d’accidents est de 7 %, dont les principales causes sont les mauvaises habitudes de sommeil, le sexe masculin, le syndrome d’apnées obstructive du sommeil, les résultats de cette enquête sont concordants avec notre étude.

Bien que le Maroc soit doté d’un cadre législatif régissant la conduite professionnel, la prévention de la somnolence reste difficile à mettre en place et semble hors portée de la prévention routière. Il est important alors de réaliser une surveillance médicale des conducteurs professionnels et de les informer aussi bien sur le risque de somnolence, sur la gravité des accidents et les règles organisationnels recommandés.