Dans un hypermarché à prédominance alimentaire de la région lilloise, des constats de TMS et de prise de poids ont été faits chez 55 assistant(e)s de caisse.

Vingt-neuf pour cent des caissières se plaignent de douleurs de l’épaule ; 25 % de douleurs des membres inférieurs et 33 % de douleurs dorsolombaires. Ces chiffres sont majorés pour les caissières ayant plus de 25 ans d’ancienneté.

À l’embauche, 15 salarié(e)s avaient une IMC supérieure à 25. Actuellement, 32 salarié(e)s dépassent cet IMC.

Afin de comprendre en quoi l’organisation de travail pouvait être à l’origine de ces problèmes de santé, nous avons effectué une étude du poste et construit un questionnaire utilisé lors des entretiens infirmiers.

Jusque juillet 2016, le passage des articles ne se faisait que de gauche à droite.

Les salarié(e)s ont 9minutes de pause par heure travaillée, soit une pause repas de 20minutes incluant le temps de trajet pour se rendre à la badgeuse puis à la salle de pause.

L’alimentation sur le lieu de travail est plus riche (menu sandwich, grignotage, encas) qu’au domicile. Rares sont les salariés qui emmènent un repas équilibré. L’apport en fruits et légumes est pauvre. Il y a une restriction volontaire de boisson au poste de travail. D’autres facteurs favorisant la prise de poids peuvent entrer en jeu : manque d’activité, etc.

Nous avons présenté ces résultats à la direction et au CHSCT. Un plan d’action a été construit :

– création d’un groupe de réflexion associant la manager caisses, le manager sécurité, un membre du CHSCT, plusieurs assistant(e)s de caisse et un membre de l’équipe santé travail afin de revoir l’organisation du travail (changement de sens de caisses, temps de pause, position de la pointeuse, proposition d’activité physique dans l’établissement, aménagement d’autres espaces repas, paniers de fruits à disposition, revoir l’offre des distributeurs, etc.) ;

– atelier alimentation et horaires décalés animés par les infirmières santé travail.

En conclusion, cette étude a permis de donner des indicateurs chiffrés et de faire prendre conscience à la direction et aux membres du CHSCT de l’impact possible de l’organisation sur la santé des assistant(e)s de caisse.

Cette action a permis de valoriser la place de l’infirmière santé travail dans son rôle d’évaluation, de recueil de données cliniques et épidémiologiques, d’analyse, de prévention et d’éducation à la santé.