Usage de substances potentiellement addictives en prison : résultats d’un dépistage urinaire chez des patients hospitalisés dans une unité hospitalière sécurisée inter-régionale (UHSI) - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Déterminer la prévalence de l’usage de drogues chez les détenus hospitalisés à l’UHSI de Bordeaux et évaluer les conséquences de cette consommation sur l’hospitalisation des patients.
Méthodes |
Étude monocentrique et rétrospective des dossiers de tous les patients admis dans le service entre le 1er août 2012 et le 31 décembre 2014. Variables étudiées : données démographiques, substances dans les urines détectées par immunoanalyse de type CEDIA sur un automate Beckman AU 5400 avec réactifs ThermoFisher (cannabis, cocaïne, amphétamines, opioïdes sauf méthadone, buprénorphine), traitement habituel, conséquences de l’usage de drogues : syndrome de sevrage, refus de soins. Analyse statistique seulement descriptive.
Résultats |
Quatre cent vingt-quatre hommes (94,4 %) d’âge médian 43+14,7 ans et 25 femmes (5,6 %) d’âge médian 42+12,7 ans ont été hospitalisés durant la période d’étude, ce qui a mené à réaliser 726 dépistages urinaires. 376 patients (83,7 %) ont accepté le dépistage urinaire. Parmi eux, 170 (45,2 %) avait un résultat positif pour une ou plusieurs substances potentiellement addictives : 135 patients (30,1 %) étaient positifs pour le cannabis, 51 (11,4 %) recevaient de la buprénorphine, dont 16 sans prescription, 36 (8 %) recevaient des opiacés dont 3 sans prescription, 2 (0,4 %) étaient positifs pour la cocaïne et 6 (1,3 %) étaient positifs pour les dérivés d’amphétamine. 40 patients (8,9 %) étaient positifs pour plus de 2 substances. Conséquences sur les hospitalisations : 21 patients ont présenté un syndrome de sevrage du cannabis selon les critères du DSM-V.
Conclusion |
La consommation de drogue en prison est une réalité mesurée dans cette étude par des tests de dépistage urinaires et pas seulement par des questionnaires comme pour la plupart des articles publiés sur le sujet. Le cannabis reste la drogue la plus utilisée en prison comme dans la population générale, ce qui provoque des difficultés lors de l’hospitalisation : syndrome de sevrage, mise en danger des soignants et refus de continuer les soins à l’hôpital, et conséquences judiciaires éventuelles. Les conséquences cliniques de l’utilisation fréquente de ces substances en détention sont importantes à connaître pour les cliniciens, car elles peuvent entrainer une symptomatologie (syndrome de sevrage notamment) qui complique la prise en charge des patients hospitalisés pour une autre cause.
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Vol 30 - N° 2S
P. S78-S79 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.