Nouveaux produits de synthèse (NPS) et addictovigilance : de la pharmacodynamie théorique aux complications somatiques réelles - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
La problématique des nouveaux produits de synthèse (NPS) est un phénomène d’ampleur mondial qui date du début des années 2000, s’est intensifié depuis 2008 et se poursuit plus que jamais, notamment par une accessibilité facilitée par Internet. Avec plus de 600 substances identifiées en Europe à ce jour, le panorama des consommations se renouvelle sans cesse [1 ]. L’objectif de ce travail est de présenter l’état des principales connaissances pharmacologiques et cliniques sur ces substances particulièrement puissantes et leurs complications somatiques aiguës potentiellement graves.
Méthodes |
Plusieurs sources ont été analysées notamment :
– les rapports d’expertise des d’enquêtes nationales d’addictovigilance (inclus les données de la littérature) portant sur les principaux NPS afin d’identifier leur caractéristiques pharmacologiques communes et d’identifier les complications cliniques devant faire évoquer systématiquement la prise de ces produits [2 , 3 ] ;
– les dispositifs de surveillance du réseau français d’addictovigilance : notifications spontanées, DRAMES, OPPIDUM afin d’établir leur cartographie pharmaco-épidémiologique chez les usagers en France.
Résultats |
Les NPS miment les effets produits déjà existants mais avec un effet amplifié en lien avec une puissance pharmacologiques très supérieure (les fentanyloïdes ont 100 à 10 000 fois l’effet analgésique de la morphine). Ce sont souvent des agonistes complets, plus « sélectifs » sur un récepteur donc agissant à plus faible concentration, souvent avec une action pleïtropique conduisant à des effets psychoactifs multiples avec une seule substance, et un effet pic (donc rapide) associé à un effet différé (du fait de métabolite[s] potentiels). Les cathinones de synthèse et les cannabinoïdes de synthèse sont les plus représentées, suivies par les phénéthylamines (famille des 2C et des NBOME) et les arylcyclohexylamines (méthoxétamine, 3- et 4-MEO-PCP). Les complications somatiques aiguës sont d’ordre neuropsychiatrique (hallucinations, paranoïa, amnésie, insomnie, mouvements anormaux…), vasculaire (IDM, Takotsubo, HTA, AVC, syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible…), vésico-urinaire (cystite interstitielle, hématurie…), hépatique (insuffisance hépatique) notamment. L’analyse globale et intégrée des symptômes et signes cliniques (myosis ou mydriase, hypo- ou hyperthermie…) permet de distinguer les tableaux cliniques évocateurs d’un neuromédiateur (syndromes opiacé, sérotoninergique, dopaminergique, cannabinoïde, atropinique…) permettant d’orienter, en plus des éléments d’anamnèse, sur la recherche d’un ou de produits.
Conclusion |
La consommation de NPS peut conduire à une symptomatologie grave et potentiellement très grave a fortiori si elle est méconnue et le diagnostic étiologique non fait par manque de connaissance, de recherche d’éléments d’anamnèse et de diagnostic analytique toxicologique. Une collaboration entre cliniciens, toxicologues et addictovigilants est à amplifier afin d’améliorer la prise en charge médicale puis ensuite addictologique, au plus grand bénéfice de la santé publique.
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Vol 30 - N° 2S
P. S44-S45 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.