Saturnisme aigu causé par une munition non chemisée avec une forte charge de plomb mou - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Présenter un cas original et inhabituel d’intoxication au plomb après une blessure par une munition spéciale.
Description |
Un homme de 38 ans sans antécédent connu de saturnisme a été atteint par des fragments d’une munition qui a d’abord traversé une porte avant d’atteindre la victime. Les lésions initiales concernaient le thorax gauche, l’épaule gauche et le plexus brachial gauche. Hospitalisé dans une unité hospitalière sécurisée après un séjour en réanimation, la première plombémie a été réalisée à j7 de la blessure. La symptomatologie présentée alors était une sensation de fatigue extrême, de constipation et d’atteinte neurologique périphérique cubitale gauche. Un traitement par succimer et de l’EDTA à j14, j21, j44, j61 ainsi que l’extraction chirurgicale de morceaux de plomb à j52 a été réalisé, après amélioration de l’état de santé initial. Depuis 3 ans, le patient présente un saturnisme chronique clinique et biologique nécessitant des chélations itératives.
Méthodes |
Les plombémies ont été réalisées par spectrométrie d’absorption atomique par four graphite (GF-AAS). La plombémie à j7 était de 1048μg/L avec un pic à 1566μg/L à j11. Les autres marqueurs, à j11, étaient une hémoglobine à 11,6g/dL, une protoporphyrine érythrocytaire à 1,911μmol/L et un taux d’acide delta-aminolévulinique urinaire à 13μmol/mmol de créatinine. Deux résidus métalliques sous-cutanés et un échantillon de cheveux ont été envoyés pour analyse par ICP-MS : ils ont confirmé (i) que du plomb était présent dans les résidus (817 et 841mg par gramme), (ii) qu’il y avait incorporation récente de plomb dans les cheveux (63ng/mg dans le segment distal et 119ng/mg dans le segment proximal), (iii) et que le plomb dans les cheveux provenait de la même origine que les balles (les rapports isotopiques étaient les mêmes : Pb 206/Pb 207=1,17, Pb 208/Pb 207=2,44, Pb 208/Pb 206=2,08).
Conclusion |
Cette munition spéciale contenait 30g de plomb mou non protégé par une enveloppe métallique. Elle n’était pas destinée à être utilisé directement sur une cible vivante, mais à la destruction de serrures ou gonds de porte non renforcée. Une contamination aussi rapide, élevée et massive est liée à la charge en plomb (30g) dans une balle non chemisée, au type de plomb (mou, plus sujet à fragmenter que le plomb durci), et à la localisation du réservoir en plomb dans le corps (plèvre et épaule).
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Vol 30 - N° 2S
P. S24-S25 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.