Soluté d’irrigation à base de glycine et TURP syndrome : à propos d’un cas mortel - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Présenter un cas létal de syndrome de résorption assimilable à un TRANSUREthral resection of prostate (TURP) syndrome, dans le cadre d’une résection endoscopique d’une tumeur urétérale.
Description du cas |
Un homme de 69 ans subit une résection endoscopique d’une tumeur de l’uretère droit à la suite de laquelle une néphrostomie du rein droit est réalisée. Dix jours après, le patient se présente aux urgences en raison de la perte de sa sonde de néphrostomie. Au cours d’une seconde intervention, une résorption importante du liquide d’irrigation est observée avec un bilan entrées/sorties négatif. Une laparotomie révèle une perforation de la vessie avec extravasation d’environ 1,5L de soluté d’irrigation au niveau péritonéal. Le patient décède le lendemain dans un contexte de bradycardie extrême aboutissant à une asystolie malgré la prise en charge en réanimation.
Méthodes |
Des prélèvements sanguins sont réalisés 3h après la seconde intervention et analysés : en particulier, le dosage de la glycine plasmatique est réalisé par chromatographie liquide avec détection par spectrométrie de masse en tandem.
Résultats |
Ce dosage met en évidence une augmentation majeure de la glycine plasmatique (9057μmol/L ; valeurs usuelles : 192 à 353μmol/L). Une hyperammoniémie à 125μmol/L et une acidose métabolique sévère (pH à 6,92 et bicarbonates à 7,5mmol/L) sont également observées, en lien avec le métabolisme de la glycine en ammoniaque et en acides glyoxylique et glycolique. Le bilan révèle également une insuffisance rénale aiguë (créatininémie à 195μmol/L), accompagnée d’une hyperkaliémie à 7,8mmol/L, une hyponatrémie sévère à 112mmol/L et une hypoprotidémie à 31g/L.
Discussion |
Le TURP syndrome est une urgence diagnostique et thérapeutique, qui survient en per- ou postopératoire à la suite de la résorption intra- ou extravasculaire du liquide d’irrigation utilisé dans le cadre des résections endoscopiques de la prostate ou de la chirurgie rénale par voie percutanée [1 ]. Le soluté d’irrigation le plus communément utilisé est une solution aqueuse de glycine à 1,5 %, hypotonique et non électrolytique. Sa résorption est à l’origine d’une hyponatrémie aiguë consécutive à l’hypervolémie et d’effets toxiques de la glycine et de ses métabolites, d’ordres neurologique, myocardique et rénal [1 ]. L’intensité et la sévérité des symptômes sont corrélées à la quantité de soluté glyciné résorbée, notamment au-delà de 1L [1 ]. Les troubles hémodynamiques observés ici, associés au bilan biologique et notamment à la concentration plasmatique très élevée de glycine, permettent de confirmer ce cas fatal de TURP syndrome.
Conclusion |
Le TURP syndrome est une complication chirurgicale dont la fréquence d’apparition est de 2–10 % et qui met en jeu le pronostic vital des patients. C’est une urgence thérapeutique nécessitant l’arrêt de l’intervention et un traitement symptomatique des complications cardiovasculaires et de l’hyponatrémie sévère par du sérum salé hypertonique. Différentes approches pour mesurer la résorption du soluté d’irrigation en cours d’intervention ou pour réduire le risque de résorption permettraient de prévenir la survenue de cette complication [2 ].
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 30 - N° 2S
P. S24 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.