Tumeur de Bushke Lowenstein chez une patiente lupique : un défi thérapeutique - 28/04/18
Résumé |
Introduction |
La susceptibilité aux infections par le papillomavirus humain (HPV) chez les patients immunodéprimés ou souffrants de pathologies auto-immune dont le lupus érythémateux systémique est bien établie. Les traitements immunosuppresseurs prescrits chez ces patients augmentent le risque. Les patients atteints de lupus érythémateux systémique (LES) sont à risque de développer une atteinte cervicale, anale et cutanée de carcinomes induits par les HPV. Nous rapportons le cas d’une patiente lupique ayant une tumeur de Bushke Lowenstein avec des verrues étendues à tout le corps et insistons sur les difficultés thérapeutiques rencontrées.
Observation |
Il s’agit d’une patiente de 53 ans suivie pour un LES avec atteinte rénale et hématologique depuis 8 ans traitée par corticothérapie générale à la dose de 15mg/jour associée aux antipaludéens de synthèse et au mycophénolate-mofétil (MMF). La patiente nous a été adressée pour des tumeurs végétantes multiples évoluant depuis 2 ans. L’examen cutané a retrouvé de multiples papules et nodules kératosiques, exophytiques faisant de 0,5 à 5cm de diamètre au niveau du tronc et des flancs. L’examen a également révélé une tumeur périanale volumineuse en chou-fleur faisant 6×3cm de grand axe. Le diagnostic de tumeur de Bushke Lowenstein était confirmé par la biopsie. L’examen gynécologique était sans anomalies. Le MMF n’a pas pu être interrompu à cause du risque d’aggravation du Lupus. Le traitement chirurgical n’était pas possible à cause de l’extension très importante des lésions. La patiente était traitée par cryothérapie et électrocoagulation avec une régression partielle des lésions après 8 séances.
Discussion |
Une étude danoise récente colligeant 576 cas a montré que les patients lupiques avaient un risque accru de développer des tumeurs de la marge anale, des dysplasies cervicales et des carcinomes in situ. Les patients atteints de LES traités avec le MMF ont une diminution du nombre de lymphocytes B et de cellules NK. Une corrélation positive était retrouvée entre la dose de MMF et le nombre de lésions cutanées à HPV. Les traitements immunosuppresseurs, incluant le MMF, sont incriminés dans l’altération de l’immunité humorale et cellulaire à cellules NK, augmentant ainsi le risque d’infection par le HPV et sa persistance dans le corps. Un cas de régression de lésions induites par le HPV après arrêt de MMF a été rapporté. Cette alternative n’a pas été recommandée par les internistes chez notre patiente. L’utilité du vaccin contre le HPV est discutée dans ces cas. En effet, certains auteurs recommandent la vaccination chez les patients atteint de LES alors que quelques cas de survenue de lésions à HPV après vaccination on été rapportés. Le traitement était difficile chez notre patiente et n’a aboutit qu’à une amélioration partielle à cause de la douleur au cours des séances cryothérapie. Ceci appuie et insiste sur les difficultés thérapeutiques rencontrés chez ces patients.
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Vol 145 - N° 4S
P. A43-A44 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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