Troubles neurologiques et psychiatriques induits par les solvants - 01/01/89

[16-536-A-10]

B Proust : Unité de médecine légale

B Mihout : Clinique neurologique

JF Caillard : Institut de médecine du travail
CHR 76031 Rouen , Cedex France

Article archivé , publié initialement dans le traité EMC Pathologie professionnelle et de l'environnement et remplacé par un autre article plus récent: cliquez ici pour y accéder

Résumé

Les solvants organiques sont des substances hydrocarbonées plus ou moins volatiles, définies par leur capacité de solubiliser les lipides plus que par leurs caractéristiques chimiques qui sont extrêmement diverses. Leur toxicité est un problème de santé publique qui intéresse tous les pays industrialisés puisque les solvants sont les substances chimiques les plus utilisées en milieu de travail. On peut estimer la consommation actuelle française en solvants, tous types réunis, à un million de tonnes par an et à un million et demi le nombre de salariés exposés (Conso, 1986).

L'affinité des solvants pour le système nerveux central, bien vascularisé et riche en lipides, est connue depuis longtemps.

Au XIX^e siècle des syndromes neurasthéniques et des états démentiels ont été rapportés au cours d'exposition professionnelle souvent importante.
Certains solvants comme le trichloréthylène ou le chloroforme ont été utilisés comme anesthésiques.
Plus récemment, des troubles neuro-psychiatriques, parfois sévères, ont été décrits chez des toxicomanes inhalant des solvants volatils (Fornazzari, 1983 ; Hormes, 1986).

Les effets des solvants sur le système nerveux périphérique sont par contre de connaissance plus récente.

Si la neurotoxicité des solvants est admise lors d'intoxications aiguës et importantes, celle-ci est discutée lorsque l'exposition est faible. Cependant, des auteurs rapportent depuis 1970 la possibilité de troubles mentaux, transitoires ou durables, lors d'exposition professionnelle répétée à des concentrations de solvants inférieures aux valeurs limites tolérées. Ces études posent le problème du seuil d'action des solvants : il faut en effet déterminer le niveau d'exposition qui provoque ces manifestations et confirmer leur caractère éventuellement irréversible. Le développement de la toxicologie comportementale (« behavioral toxicology ») et les progrès accomplis dans le domaine des explorations neurologiques permettent de réaliser actuellement ces recherches.