Les interactions médicamenteuses seraient à l’origine d’environ 1 % des hospitalisations en population générale. L’objectif de cette étude était d’estimer la prévalence des Interactions médicamenteuses potentielles (IMP) de niveau de sévérité élevée (contre-indication ou associations déconseillées) en France et d’identifier les couples de médicaments les plus à risques.

Cette étude transversale a été réalisée à partir d’un échantillon de délivrances de médicaments délivrés entre 2010 et 2015, identifié dans la base de données de l’échantillon généraliste de bénéficiaires de l’Assurance maladie. Les IMP ont été identifiées selon le thésaurus des interactions médicamenteuses de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des médicaments et des produits de santé (ANSM). La prévalence des IMP a été estimée de manière brute et à l’aide d’un indicateur de risque d’association : le DIPS-Score (DS). Ce score comparait la fréquence observée de codélivrance de deux médicaments à la probabilité estimée de cette codélivrance sachant la fréquence de délivrance de chacun des deux médicaments impliqués. La comparaison se faisait au moyen d’un rapport avec intervalle de confiance à 95 %.

Nous avons analysé 6 908 910 délivrances de médicaments comprenant 13 196 (0,2 %) associations contre-indiquées (CI) et 95 410 (1,4 %) associations déconseillées (AD). Le DS médian était de 0,4 pour les CI (écart interquartile : 0,2–1,3) et de 0,6 pour les AD (écart interquartile : 0,2–1,8). La codélivrance contre-indiquée présentant la plus forte prévalence correspondait à l’association bisoprolol+flécainide (n=5036) ; celle présentant le DS le plus élevé correspondait à l’association citalopram+hydroxyzine : DS=3,7 ; 2,9–4,6 (n=106) et celle présentant le DS le plus faible correspondait à l’association clarithromycine+simvastatine : DS=0,2 ; 0,2–0,3 (n=172).

La prévalence de certaines IMP indique la nécessité d’actions de prévention autour du risque d’interaction médicamenteuse. L’indicateur d’association médicamenteuse DIPS-Score peut permettre d’identifier les IMP les moins prises en compte en situation réelle de soins et d’envisager des actions les concernant.