Fiscalité des rhums traditionnels en outre-mer et santé publique : l’exemple de l’île de La Réunion - 15/12/17
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Résumé |
Position du problème |
La fiscalité française des boissons alcoolisées est complexe. Dans les Départements d’outre-mer (DOM), elle présente des singularités peu connues, dont la finalité est de préserver la filière sucre–canne–rhum, pilier pour leurs économies déficitaires. Elle est réduite pour les rhums traditionnels produits, vendus sur place et favorise leur commercialisation à bas prix. En France métropolitaine, les spiritueux sont, au contraire, lourdement taxés et leur part dans la consommation est minoritaire. La Réunion est un DOM confronté à une importante précarité socio-économique, ainsi qu’à l’une des plus fortes morbi-mortalités nationales liées à l’abus d’alcool. Les spiritueux représentent la moitié de la consommation totale en alcool pur, avec une place prédominante pour les rhums traditionnels locaux. Ces produits sont préférentiellement consommés par des sujets vulnérables, souvent concernés par un trouble lié à l’usage d’alcool.
Méthodes |
Cette étude comporte trois volets. Premièrement, l’analyse comparative des prix des boissons alcoolisées entre La Réunion et la métropole. Deuxièmement, une analyse de la bibliographie sur les conséquences de la consommation préférentielle de spiritueux. Troisièmement, une revue bibliographique consacrée à l’impact de la fiscalité sur la morbi-mortalité liée à l’abus d’alcool.
Résultats |
Le gramme d’alcool pur le moins cher de France est trouvé dans les DOM. La consommation préférentielle de spiritueux est associée à la survenue de complications plus fréquentes et plus rapides. Elle est corrélée avec le niveau des psychoses alcooliques. La fiscalité est efficace pour lutter contre les dommages induits par l’abus de boissons alcoolisées. L’Organisation mondiale de la santé recommande l’application d’un prix minimum pour l’alcool et la majoration des taxes.
Conclusion |
La fiscalité réduite des rhums traditionnels des DOM ne tient pas compte des données de santé publique. Sa finalité est économique. À La Réunion, elle contribue à un haut niveau de consommation de spiritueux et favorise la surmortalité par abus d’alcool. Elle constitue une inégalité de santé pour ces populations. Son évolution est souhaitable afin de diminuer les dommages induits par l’alcool. Elle devrait se rapprocher de la fiscalité en vigueur en métropole. Les lobbies alcooliers et le manque de courage politique ont jusqu’à présent empêché cette évolution.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Background |
France has a complex system for the taxation of alcoholic beverages. In the French overseas territories (FOT), the system includes little-known specificities whose purpose is to preserve the sugar–cane–rum sector, a pillar for the weak economies in these territories. Taxes are reduced for traditional rums produced and sold locally. This favors the marketing of alcoholic spirits at low prices. In metropolitan France, on the contrary, spirits are heavily taxed drinks and their share in consumption is minor. Reunion Island (RI) is a FOT confronted with significant socioeconomic precariousness and with one of the highest national morbidity and mortality rates associated with alcohol abuse. Spirits account for half of the total consumption of pure alcohol, with a strong predominance for local traditional rums. These products are preferentially consumed by vulnerable subjects, often affected by an alcohol-use disorder.
Methods |
This study consists of three parts. First, a comparative analysis of alcoholic beverage prices between RI and mainland France. Second, an analysis of the bibliography on the consequences of preferential consumption of spirits. Third, a literature review on the impact of taxation on alcohol-related morbidity and mortality.
Results |
In France, the cheapest gram of pure alcohol is found in the FOT. The preferential consumption of spirits is associated with more frequent and more rapid complications. It is correlated with the level of alcoholic psychoses. Taxation is effective in reducing damage caused by the abuse of alcoholic beverages. The World Health Organization recommends the application of a minimum price for alcohol and tax increases.
Conclusion |
The reduced taxation of the traditional rums of the FOT does not take into account public health data. Its purpose is economic. In RI, it contributes to a high level of consumption of spirits and encourages excess mortality through alcohol abuse. It constitutes an inequality of health for these populations. Changes in this tax system is desirable in order to reduce the harm caused by alcohol. It should be closer to the tax system in force in metropolitan France. Alcohol lobbies and lack of political courage have so far inhibited this change to the detriment of the health of the populations.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : La Réunion, Boissons alcoolisées, Fiscalité, Troubles liés à l’alcool, Psychoses alcooliques
Keywords : Reunion, Alcoholic beverages, Taxes, Alcohol-related disorders, Alcoholic psychoses
Plan
Vol 65 - N° 6
P. 443-452 - novembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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