Notre travail avait pour objectif d’analyser les facteurs de risque associés à la survenue et la sévérité des infections à pneumocoque (IP) au cours du lupus érythémateux systémique (LES).

Les dossiers médicaux de tous les patients atteints de LES admis dans notre service (médecine interne, hôpital Bichat, Paris) entre janvier 2005 et décembre 2014 ont été analysés de manière rétrospective. Les patients atteints de LES ont été séparés en deux groupes selon qu’ils avaient ou non une IP. Les dossiers médicaux de tous les patients sans LES admis dans notre service pour une IP pendant cette même période ont également été examinés. Les caractéristiques cliniques associées à la survenue et la sévérité des IP ont été analysées chez les patients atteints de LES.

Cent quatre-vingt-dix patients atteints de LES (42,2+14,9 ans ; 87,4 % de femmes) ont été hospitalisés sur une période de 10 ans. L’IP était le motif d’admission chez 6 (3,2 %) patients. Dans 5 cas (83,3 %), l’IP était de forme invasive. Pour un suivi cumulé de 2112,8 années pour la totalité de la cohorte, la fréquence des infections invasives à pneumocoque au cours du LES était de 236/100 000 patients/an. Chez les patients lupiques comparativement aux sujets sans LES, les IP survenaient à un âge plus précoce (43,5+14,9 versus 65,3+18,7 ans, p<0,01) et étaient plus sévères avec une fréquence plus élevée d’infections invasives (p<0,001) et d’admissions à en unité de soins intensifs (USI) (p<0,05). Les facteurs de risque associés à la survenue d’une IP au cours du LES étaient un taux d’immunoglobulines sériques<5g/L (p<0,01) et des antécédents de néphrite lupique (p<0,05). Les traitements par corticoïdes (p<0,001) et immunosuppresseurs (p<0,05) étaient associés à la sévérité de l’infection.

Les patients ayant un LES ont une susceptibilité accrue aux infections à pneumocoque. Notre étude souligne l’intérêt de la vaccination contre l’infection à Streptococcus pneumoniae dans le LES.