L’isotrétinoïne est le seul anti-acnéique majeur permettant d’obtenir une rémission prolongée de l’acné sévère. Molécule tératogène, elle nécessite une surveillance et une traçabilité rigoureuses. L’objectif de cette étude était d’évaluer les modalités de prescription et de dispensation de l’isotrétinoïne à Ouagadougou.

Nous avons réalisé une étude transversale descriptive sur trois mois auprès des dermatologues, des pharmaciens d’officine de la ville de Ouagadougou et des patients sous isotrétinoïne durant la période de l’étude.

Nous avons interrogé 12 dermatologues sur 13 en exercice dans la ville de Ouagadougou, 7 pharmaciens d’officine (disposant d’isotrétinoïne) sur 150 et 18 patients dont 10 de sexe féminin. Pour la prescription, les dermatologues respectaient les indications, le bilan pré-thérapeutique, le renouvellement mensuel ainsi que l’instauration d’un traitement adjuvant. La proposition d’une contraception aux patientes en âge de procréer était faite, mais effective chez 5 patientes sur 10. N’était jamais notée sur les ordonnances la mention « à ne pas renouveler », et le carnet de suivi était inexistant. La dose cumulative n’était pas toujours atteinte (113mg/kg dose cumulative moyenne). Le sexe et l’âge du patient n’étaient pas mentionnés sur les ordonnances de 4 dermatologues. Concernant la dispensation de l’isotrétinoïne, sur les 7 pharmaciens, 2 ont délivré l’isotrétinoïne avec une ordonnance valide, 4 avec une ordonnance non valide et un pharmacien a délivré sans ordonnance. L’âge, le sexe, et la compréhension du traitement ont été vérifiés par 4 pharmaciens. Le résultat du dernier test de grossesse, la signature d’accord, l’existence d’un carnet de suivi et d’un bilan étaient vérifiés par un pharmacien, le suivi de la contraception par 2 pharmaciens. Six officines se procuraient la molécule hors du pays et 2 l’obtenaient chez les grossistes répartiteurs nationaux de médicaments.

L’isotrétinoïne est prescrite selon les bonnes indications sans complaisance, ce qui diffère des résultats trouvés par les auteurs des pays développés, chez qui l’acné sévère ne représentait que 46 % des indications. Proposée aux 10 patientes en âge de procréer, la contraception n’a été effective que chez 5 patientes. Hogan trouvait que 35 % des patientes n’avaient pas eu recours à la contraception. L’approvisionnement de l’isotrétinoïne est difficile au Burkina (7 officines sur 150 en disposaient) entraînant une disponibilité réduite avec des irrégularités dans sa dispensation.

Si les modalités de la prescription de l’isotrétinoïne peuvent être jugées acceptables, celles de sa dispensation dans la ville de Ouagadougou ne sont pas faites dans les règles de l’art.