Les inhibiteurs du récepteur du facteur de croissance épidermique (anti-EGFR) sont des thérapies ciblées développées dans le traitement de cancers métastatiques, notamment pulmonaires et colorectaux. Les principaux effets indésirables sont cutanés ; en revanche, l’atteinte du cuir chevelu est rarement décrite. Nous rapportons le premier cas de pustulose du cuir chevelu avec alopécie sous afatinib.

Une patiente de 69 ans, aux antécédents de cancer du sein en 2012, en rémission, d’adénocarcinome broncho-pulmonaire métastatique, était traitée par afatinib depuis janvier 2016. Elle présentait 3 mois après l’introduction de cet anti-EGFR, un rash cutané pustuleux acnéiforme, associé à des paronychies avec bourgeons charnus des orteils et des lésions pustulo-croûteuses du cuir chevelu, avec modification de la texture des cheveux devenus crépus et une alopécie. Le prélèvement bactériologique d’une pustule était stérile. Un traitement pour doxycycline 200mg/j était instauré associé à l’application de dermocorticoïdes sur le cuir chevelu, d’émollients sur le corps et de nitrate d’argent sur les bourgeons charnus. La posologie de l’afatinib n’était pas modifiée. À un mois, l’évolution était favorable avec disparition quasi complète des lésions pustulo-croûteuses mais persistance d’une alopécie. À 3 mois, on observait une repousse partielle des cheveux ; la patiente nous signalait néanmoins avoir arrêté l’afatinib 3 semaines auparavant en raison d’une progression du carcinome bronchique.

Les effets indésirables les plus fréquents des anti-EGFR sont les effets indésirables cutanés ; le plus souvent ; il s’agit d’un rash acnéiforme et de paronychies comme présentait notre patiente. Les atteintes du cuir chevelu sont moins décrites ; il s’agit le plus souvent de modifications de la texture des cheveux ou d’alopécie. Quelques cas d’atteintes pustuleuses du cuir chevelu sont décrits chez des patients traités par erlotinib et géfitinib. Le délai d’apparition après l’introduction du traitement est variable. La prise en charge repose sur l’administration de cyclines et l’application de dermocorticoïdes comme dans notre cas. Une réduction de posologie du traitement anti-EGFR est parfois nécessaire, voire l’arrêt du traitement. Aucun cas n’est rapporté sous afatinib. Dans notre cas, la repousse observée à 3 mois suggère une réversibilité à l’arrêt du traitement (Annexe A).

Nous rapportons le premier cas de pustulose du cuir chevelu avec alopécie sous afatinib. La pustulose du cuir chevelu est un effet indésirable peu décrit des anti-EGFR mais pouvant considérablement altérer la qualité de vie. Sa prise en charge repose sur l’administration de cyclines, parfois à forte dose, et l’application de dermocorticoïdes. La prise en charge des toxicités cutanées, en coordination avec l’oncologue, est nécessaire pour une prise en charge optimale des patients.