Les condylomes ano-génitaux (CAG) représentent l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente. Le complexe nitrizinc (CNZ) est un produit fait d’acides organiques, d’acide nitrique et de zinc entraînant une action cytotoxique. L’objectif de notre étude était d’évaluer la réponse au CNZ des condylomes résistants aux approches habituelles.

Étude rétrospective réalisée chez des patients traités au sein du service de dermatologie du CHU de Nice de septembre 2016 à décembre 2016. Étaient inclus des patients immunocompétents âgés de plus 18 ans ayant des condylomes n’ayant pas répondu après 4 mois de traitement conventionnel bien conduit (imiquimod et/ou cryothérapie). Le critère d’évaluation était la régression clinique à 3 mois et 6 mois après la fin du traitement. Une rémission complète était définie par la régression de 100 % des lésions, une réponse partielle si plus de 50 % des lésions avaient disparu ; l’échec thérapeutique était défini par une disparition de moins de 50 % des lésions.

Onze patients (8 hommes et 3 femmes) étaient inclus dans l’étude. L’âge moyen était de 32 ans (22 ans à 43 ans) et le nombre moyen des lésions était de 5 (2 à 15). Les traitements proposés avant le CNZ étaient l’imiquimod topique 5 % seul chez 2 patients ou associé à la cryothérapie chez 9 patients. Sept de ces patients avaient eu une réponse partielle et 4 n’avaient eu aucune régression. Après une séance de traitement par le CNZ, une rémission complète était observée chez tous les patients. Des brûlures et un érythème étaient notés après l’application du produit sans cependant de douleur rapportée par les patients. Aucune cicatrice ou récidive n’était observée à 3 mois et un cas de récidive était noté à 6 mois.

Les CAG posent un véritable problème thérapeutique. Des revues récentes de la littérature montrent que les traitements ablatifs permettent le plus fort taux de rémission complète. Parmi les autres traitements, aucun n’a montré de véritable supériorité. La cryothérapie montre son efficacité par rapport aux autres traitements destructeurs comme l’acide trichloroacétique avec un risque cicatriciel moindre. L’imiquimod à 5 % et la podophylline montrent une efficacité similaire et dans les 2 cas supérieure aux autres traitements topiques utilisés en ambulatoire. Cependant, en tenant compte des critères d’efficacité et de tolérance, l’imiquimod est aujourd’hui le plus utilisé sur de grandes surfaces. Dans notre étude, le CNZ est évalué sur des condylomes résistants à l’imiquimod seul ou associé à la cryothérapie avec une bonne tolérance et un seul cas de récidive à 6 mois.

Le CNZ apparaît comme une option thérapeutique bien tolérée et efficace dans le traitement des condylomes résistants à d’autres approches. Ces résultats préliminaires nécessitent d’être confirmés par une étude prospective randomisée versus imiquimod ou cryothérapie.