Si la présence d’un prurit au cours du psoriasis est désormais bien admise, la douleur cutanée est souvent négligée bien que les patients la relatent volontiers. C’est pourquoi nous avons voulu mesurer sa fréquence et ses conséquences.

Un échantillon de 5000 individus représentatifs de la population française de 15 à 80 ans a été constitué selon la méthode habituelle des quotas (sexe, âge, localisation géographique et catégorie socioprofessionnelle) pour répondre à un questionnaire sur internet abordant ces différents items. Un sous-groupe de sujets souffrant de psoriasis et un autre ne souffrant d’aucune dermatose (population témoin) ont été identifiés. La qualité de vie a été mesurée par le DLDI chez les sujets ayant un psoriasis et par le SF12 dans les deux sous-groupes.

Au total, 244 individus (dont 53 % d’hommes) ont déclaré avoir un psoriasis, soit une prévalence à 4,8 %. L’âge moyen était de 47,8±15 ans, et n’était pas significativement différent de celui la population témoin. L’évaluation par SF12 montrait une altération de la qualité de vie chez les patients présentant un psoriasis, dans ses dimensions physique et mentale (respectivement 48,8±8,7 versus 51,6±8 et 41,7±9,7 versus 45,4±9,1, p<0,001). La douleur cutanée était 5 fois plus fréquente dans le groupe psoriasis comparé au groupe non exposé (33 % vs 6 %, p<0,001). Chez les sujets ayant une douleur cutanée au cours du psoriasis, on observait une altération significative de la qualité de vie, qu’elle soit mesurée au travers du DLQI (13,59 vs 7,66, p<0,001) ou du SF12 tant pour la dimension physique (46,76 vs 49,82, p<0,001) que pour la dimension mentale (39,15 vs 42,97, p<0,001). Les consultations chez le dermatologue étaient deux fois plus fréquentes chez les sujets ayant une douleur cutanée au cours du psoriasis (67 % vs 34 %).

La douleur cutanée au cours du psoriasis est clairement trop négligée alors qu’elle est présente chez un tiers des patients et aggrave l’altération de la qualité de vie.