les granulomatoses faciales secondaires aux injections de produits de comblement sont des complications rares, parfois tardives, pouvant entraîner une gêne importante par leurs répercussions esthétiques et fonctionnelles.

Une femme de 85 ans avait un œdème infiltré de la partie inférieure de la face, d’extension progressive depuis 2015. L’interrogatoire trouvait la notion d’injections péribuccales de produits de comblement de nature indéterminée plus de 20 ans auparavant, et de soins dentaires concomitants au début des troubles. L’examen clinique montrait des formations nodulaires fermes et érythémateuses disposées avec un arrangement linéaire en regard des rides, et une infiltration des muqueuses jugale et labiale avec limitation de l’ouverture buccale entraînant une gêne à la prise alimentaire. Le bilan phosphocalcique, l’enzyme de conversion de l’angiotensine et la tomodensitométrie thoracique étaient normaux, éliminant une sarcoïdose. Les biopsies cutanées et muqueuses montraient la présence de granulomes et de vacuoles dermiques confirmant le diagnostic de granulomatose sur injections de produit de comblement. Les produits pouvant occasionner un tel aspect vacuolaire étaient le silicone (le plus probable), l’acide hyaluronique, et les produits huileux. Un traitement par méthotrexate 10mg/semaine en sous-cutané, par analogie aux traitements de la sarcoïdose, a été réalisé pendant 6 mois, permettant une régression majeure de l’infiltration. Aucune récidive n’était observée un an après l’arrêt du traitement (Annexe A).

la granulomatose aux produits de comblement est une complication rare, de faible incidence (0,02 à 1 % des cas), pouvant survenir dans tout site plusieurs mois à plusieurs années après injection (jusqu’à 36 mois dans la littérature). Trois types cliniques de granulomes ont été décrits dans la littérature suivant la nature des produits utilisés : kystique, œdémateux, et sclérosant. Des facteurs favorisants ont été mis en évidence, tels que les infections et certains médicaments. La résorption naturelle des granulomes peut demander plusieurs années en l’absence de prise en charge. Les traitements actuels, peu efficaces ou pourvoyeurs d’effets indésirables, reposent essentiellement sur les corticoïdes intra-lésionnels ou oraux, les antibiotiques (minocycline), quelques topiques (imiquimod, tacrolimus), et en dernier recours la chirurgie. Aucune donnée dans la littérature n’est retrouvée sur l’utilisation du méthotrexate pour traiter ces granulomatoses. Le délai de régression des granulomes à 2 mois chez notre patiente est comparable aux meilleurs traitements reportés dans la littérature.

Il s’agissait d’une granulomatose faciale sur injections anciennes de produit de comblement, probablement de silicone, chez une femme de 85 ans, totalement régressive après méthotrexate 10mg/semaine. Ce traitement, inédit dans le cas des granulomatoses sur injections de produit de comblement mériterait une plus ample exploration au vu des très bons résultats obtenus ici.