Un intertrigo trompeur - 25/11/17
Résumé |
Introduction |
Nous rapportons le cas d’un intertrigo sous mammaire trompeur de présentation rassurante.
Observation |
Une patiente de 67 ans était adressée par le cabinet de radiologie où elle consultait depuis plusieurs années pour son suivi sénologique. L’échographie et la mammographie réalisées étaient normales hormis la présence d’une lésion cutanée du sillon sous mammaire gauche. À l’interrogatoire, celle-ci était présente depuis au moins 4 ans, mais s’étendait depuis peu. Cliniquement, on notait la présence d’une plaque infiltrée, atrophique au centre, avec un halo inflammatoire périphérique. La lésion de 7cm de diamètre était asymptomatique. Le reste de l’examen était sans particularité. La patiente était en bon état général et n’avait aucune plainte fonctionnelle. L’aspect clinique était très évocateur d’une plaque de sclérodermie localisée et une biopsie était réalisée pour confirmer le diagnostic. L’analyse histologique montrait une infiltration carcinomateuse du derme et de l’hypoderme faite de cellules isolées ou disposées en petit amas et séparées d’un stroma conjonctif. L’immunohistochimie trouvait une expression de GATA3 mais pas de e-cadherine, en faveur d’un carcinome mammaire de type lobulaire. Les récepteurs hormonaux étaient positifs à 100 %. On réalisait alors une imagerie en résonance magnétique (IRM) mammaire confirmant la présence de la lésion du quadrant inféro-externe. La patiente subissait une mastectomie gauche avec curage ganglionnaire. L’analyse anatomopathologique de la pièce opératoire confirmait le carcinome lobulaire infiltrant du sein mesurant 7×6×2cm (correspondant exactement à la lésion visible), classé T4N0M0. Une hormonothérapie était prescrite par la suite (Annexe A).
Discussion |
Le cancer lobulaire du sein représente 10 à 15 % des cancers du sein ; il est souvent multifocal et bilatéral. On palpe rarement de masse et il est classiquement invisible à l’examen clinique hormis parfois un aspect un peu capitonné de la peau. Dans ce type de cancer, la mammographie est classiquement mise en défaut comme chez notre patiente ; néanmoins le diagnostic est fait à l’échographie mammaire et à l’IRM, qui reste l’examen de choix. Chez notre patiente, la présentation était atypique de par le mode de diagnostic et l’aspect clinique. Le cas a été présenté à un groupe de dermatologues : aucun n’évoquait le carcinome mammaire, tous évoquaient le diagnostic de sclérodermie localisée. On peut imaginer que le courrier d’adressage rassurant du cabinet de radiologie puisse les avoir influencés. Néanmoins, parmi l’ensemble des gynécologues interpellés sur l’aspect clinique, là encore aucun n’évoquait le diagnostic de carcinome lobulaire mammaire mais celui d’un intertrigo quelconque.
Conclusion |
Ce cas nous paraissait intéressant par sa présentation extrêmement trompeuse où dermatologues et gynécologues étaient mis en défaut. Seule l’histologie permettait le diagnostic. Il nous incite à être prudents devant toute lésion chronique du sein, en proposant un complément d’imagerie par IRM et le recours à la biopsie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Carcinome lobulaire, Sein, Intertrigo
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.244. |
Vol 144 - N° 12S
P. S167 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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