La ponction biopsie rénale par voie transjugulaire dans le lupus systémique et le syndrome des anticorps antiphospholipides est une technique diagnostique sûre et efficace : étude monocentrique sur 256 procédures - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
La biopsie rénale est incontournable pour la prise en charge de la néphropathie lupique. Cependant les traitements antithrombotiques, fréquemment prescrits chez les patients atteints de lupus systémique (LS), peuvent gêner la réalisation d’une ponction biopsie rénale transcutanée (PBRTC). La ponction biopsie rénale par voie transjugulaire (PBRTJ) constitue une solution intéressante pour les patients à haut risque de complication hémorragique, car le saignement a lieu en grande partie dans le lit vasculaire, ce qui réduit la spoliation sanguine. L’objectif principal de notre étude était d’évaluer la rentabilité diagnostique et la tolérance de la PBRTJ chez les patients atteints de LS ou de syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL).
Patients et méthodes |
Nous avons conduit une étude rétrospective des patients atteints de LS ou de SAPL qui ont fait l’objet d’une biopsie rénale dans notre service entre janvier 2004 et octobre 2016. Les biopsies ont été séparées en 4 groupes : PBRTC, PBRTJ de patients traités par aspirine (PBRTJ-aspirine), PBRTJ de patients traités par anticoagulant (PBRTJ–anticoagulant), PBRTJ de patients ne recevant pas de traitement antithrombotique (PBRTJ-0). Les complications majeures étaient le décès, la néphrectomie d’hémostase, l’embolisation artérielle rénale, la transfusion sanguine, le sepsis et la thrombose vasculaire. Les complications mineures étaient l’hématurie macroscopique, l’hématome rénal et la fistule artério-veineuse ne nécessitant pas de transfusion.
Résultats |
Cinquante-quatre PBRTC et 256 PBRTJ ont été analysées : 69 PBRTJ-aspirine, 68 PBRTJ-anticoagulant et 119 PBRTJ-0. L’aspirine a été poursuivie pour 48 des 69 patients du groupe BRTJ-aspirine. Les antivitamines K ont été poursuivis pour 5 cas, arrêtés sans relais pour 3 cas, et relayés par héparine pour 34 cas. Le rivaroxaban a été relayé par héparine pour les 2 cas concernés. Les héparines ont été arrêtées avant la biopsie en fonction de leur demi-vie, et reprises à une médiane comprise entre 12 et 24h après la biopsie selon le type d’héparine. Le taux de complications majeures était de 1,9 % pour les PBRTC et de 2,0 % pour les PBRTJ tous groupes confondus (p=1). Un patient atteint d’un SAPL catastrophique apparu avant la PBRTJ est décédé subitement 6 semaines après le geste biopsique alors que la maladie semblait contrôlée. Aucun patient n’est décédé de complication hémorragique ; 1 patient du groupe PBRTJ-anticoagulant a nécessité une embolisation de l’artère rénale et une transfusion, 1 patient du groupe PBRTC, 1 patient du groupe PBRTJ-aspirine et 2 patients du groupe PBRTJ-anticoagulant ont nécessité une transfusion simple de globules rouges. Le taux de complications mineures était de 1,9 % pour les PBRTC et de 7,8 % pour les PBRTJ tous groupes confondus (p=0,2). Au sein des 256 PBRTJ, le taux de complication (majeure ou mineure, toutes confondues) était plus élevé en cas de DFG CKD-EPI<30mL/min (6/24 soit 25 %, contre 16/232 soit 7 %, p<0,01). L’âge supérieur à 40 ans, la TA >140/90mmHg, le SAPL ou la biologie antiphospholipides positive sans SAPL, le TP<50 %, le ratio TCA patient/témoin>1,2, la thrombopénie<100 G/L et la taille du rein biopsié n’étaient pas associés à une augmentation du risque de complication. Le nombre moyen (± déviation standard) de glomérules obtenus était de 20,8 (±10,4) pour les PBRTC et de 17,5 (±10,1) pour les PBRTJ tous groupes confondus (p=0,98). La biopsie a permis d’établir un diagnostic pour tous les 54 patients du groupe PBRTC, pour 67 des 69 patients du groupe PBRTJ-aspirine, pour tous les 68 patients du groupe PBRTJ-anticoagulant et pour 118 des 119 patients du groupe PBRTJ-0.
Conclusion |
La PBRTJ possède une rentabilité diagnostique et une tolérance semblable à la PBRTC. Elle devrait être proposée en première intention aux patients atteints d’un LS ou d’un SAPL à haut risque de complication hémorragique.
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Vol 38 - N° S2
P. A77-A78 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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