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Pathologies neuromusculaires et profession d’agriculteur : étude castémoins en milieu hospitalier - 23/11/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.10.355 
M. Aubignat, J. Schmidt, A. Smail, V. Salle, C. Gourguechon, F. Pater, P. Duhaut
 Médecine interne et recif, CHU Amiens-Picardie site Nord, Amiens, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les conditions du métier d’agriculteur ont été transformées ces quarante dernières années, et les risques n’ont jamais été évalués correctement en France. La Commission européenne vient de ré-autoriser l’emploi de certains produits phytosanitaires controversés au motif qu’ils n’avaient pas fait la preuve de leur dangerosité alors que les études demeurent très parcellaires. Notre objectif a été de tester la prévalence des troubles neuromusculaires chez les agriculteurs actifs ou retraités.

Patients et méthodes

Tous les patients hospitalisés dans le service de médecine interne conventionnelle (hors consultations ou hôpital dejour) entre septembre 2015 et septembre 2017 ont été inclus, leur(s) profession(s), exposition, symptômes et pathologies recueillis avec leur consentement dans un fichier clinique informatisé. Les facteurs de risque et les éléments confondants ont été enregistrés, les associations ont été analysées en test du Chi2 et les odd ratio (OR) calculés avec l’aide du logiciel SAS.

Résultats

Au total, 2207 patients ont été inclus, dont 108 agriculteurs/trices exerçant leur profession sur le terrain (cas) et 2099 non-agriculteurs (témoins). Les retraités étaient classés en fonction de leur profession antérieure. Au total, 25,93 % des agriculteurs versus 17,58 % des témoins présentaient une pathologie neuromusculaire (p=0,028, OR=1,64, IC95 % : 1,05–2,56). Contrôle des éléments confondants : les agriculteurs présentaient moins de diabète que les témoins (DID : 2,78 % vs 4,38 %, DNID : 16,67 % vs 19,28 %), étaient moins alcooliques (9,26 vs 15,47 %), étaient beaucoup moins toxicomanes (1,85 % vs 9,4 %, p=0,005) alors que les prévalences d’obésité étaient identiques (21,3 vs 22,04 %). Ils étaient significativement plus hypertendus (56,5 vs 42,41 %, p=0,004). Un total de 71,30 % des agriculteurs vs 2,62 % des témoins étaient exposés à des substances à risque plus ou moins défini (produits phytosanitaires, colorants industriels ou cosmétiques, amiante, etc.).

Pathologies

Les prévalences de SLA (0,00 vs 0,14), de SEP (0,93 % vs 1,05), des pathologies médullaires (0,00 vs 0,14), des pathologies neurologiques diverses ou inclassables (0,00 vs 0,86), de psychose (0,93 % vs 1,95 %), de troubles cognitifs (9,52 vs 7,05) ou de démence (6,67 vs 7,22) ne différaient pas entre agriculteurs et témoins. Par contre, les agriculteurs présentaient 3 fois plus de neuropathies périphériques que les témoins (14,81 vs 5,91 %, p=0,0009), deux fois plus de maladie de Parkinson (4,63 % vs 2,19, OMR=2,16, IC95 % 0,8–5,56), deux fois plus de myalgies (8,33 % vs 4,19 %, p=0,04), et 2,5 fois plus d’uvéites (6,48 % vs 2,53 %, p=0,01, OR=2,67, IC95 % : 1,19–6,03).

Discussion

La population desservie par notre CHU compte 5 % d’agriculteurs, et les agriculteurs représentent 4,8 % des patients inclus dans notre étude hospitalière. Il aurait mieux valu réaliser notre étude dans la population générale ou avec les données de Sécurité sociale et de la mutuelle sociale agricole, mais toutes nos demandes ont été refusées.

Conclusion

Les neuropathies périphériques, les uvéites et les myalgies sont significativement plus fréquentes chez les agriculteurs, et la maladie de Parkinson semble plus fréquente. Il est urgent de permettre l’exploration des pathologies professionnelles chez les agriculteurs, par des experts indépendants sans conflit d’intérêt.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 38 - N° S2

P. A70-A71 - décembre 2017 Retour au numéro
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