Impact clinique du déficit en sélénium et en vitamine C dans la sclérodermie systémique - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
Les troubles nutritionnels sont fréquents dans la sclérodermie. Les carences en micronutriments qui en sont la conséquence pourraient aggraver certaines défaillances d’organe et pourraient également favoriser la progression de la sclérodermie via un excès de stress oxydatif. Notre objectif était de déterminer la prévalence et les facteurs de risque de dénutrition, de carence en sélénium et en vitamine C chez les patients sclérodermiques.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective ayant inclus tous les patients adultes atteints d’une sclérodermie systémique répondant aux critères de classification 2013 ACR/EULAR suivis au CHU de Toulouse ayant bénéficié entre 2011 et 2016 d’au moins un bilan nutritionnel comprenant un dosage de sélénium de vitamine C ou de thiamine. Les carences en sélénium et vitamine C étaient respectivement définies par un taux sérique <70ng/mL et un taux plasmatique <4mg/L. L’analyse statistique employait des modèles de régression logistique univariée.
Résultats |
Au total, 82 patients ont été inclus, pour la plupart des femmes (76 %), âgées de 60±13 ans. La sclérodermie était limitée ou diffuse dans 75 % et 24 % des cas, respectivement, avec des anticorps anti-Scl-70 ou anti-centromere dans 32 % et 44 % des cas. La durée moyenne de la maladie était de 9,4±9,9 ans. Au total, 67,1 % avaient un antécédent d’ulcère digital. Le score de Rodnan moyen était de 11±10. Une atteinte cardiaque, pulmonaire ou gastro-intestinale était présente chez 19 %, 63 % et 39 % des patients respectivement ; 9 %avaient une hypertension artérielle pulmonaire. Une dénutrition (définition HAS) était présente chez 13 (15,9 %) patients. Les carences en micronutriments incluaient le sélénium (23,2 %), la vitamine C (26,8 %) et/ou lathiamine (4,9 %). Les patients dénutris étaient significativement plus âgés (68 vs 58 ans, p=0,01), et avaient plus fréquemment une hypertension artérielle pulmonaire(27 % vs 6 %, p=0,05). L’atteinte cardiaque était significativement associée au déficit en sélénium (OR 6,2, IC95 [1,48–32,7], p=0,02). Les facteurs de risque associés à la carence en vitamine C étaient la dénutrition (OR 7,00, IC95 [1,72–35,8], p=0,01), le score de Rodnan ≤14 (OR 0,16, IC95 [0,03–0,68], p=0,02), la distance interincisive (OR 0,91 par mm, IC95 [0,81–0,99], p=0,04), la présence d’une oesophagite ou d’un endobrachyoesophage (OR 4,85, IC95 [1,48–17,0], p=0,01), un traitement par IPP (OR 4,7,IC95 [1,33–22,3], p=0,03), le taux d’hémoglobine (OR 0,38 par g/dL, IC95 [0,21–0,60], p=0,0002), le taux d’albumine (OR 0,91 par g/L, IC95 [0,82–0,99], p=0,05).
Conclusion |
En cas d’insuffisance cardiaque chez un patient atteint de sclérodermie, un dosage de sélénium doit être réalisé. Un dosage de vitamine C doit être considéré chez tout patient sclérodermique dénutri, particulièrement si l’atteinte cutanée est extensive. Une supplémentation ciblée pourrait améliorer le pronostic des patients déficients.
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Vol 38 - N° S2
P. A61 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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