Neutropénie fébrile idiosyncrasique : étude de 76 observations - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
La neutropénie fébrile (NF) reste l’une des complications les plus importantes de la chimiothérapie anticancéreuse. En dehors du contexte de l’oncologie, peu de données sont actuellement disponibles dans la littérature sur la NF liée à la prise d’autres médicaments, en particulier ceux du quotidien. Nous rapportons ici des données sur 76 patients présentant une NF liés à des ces médicaments du quotidien, suivis dans un centre de référence au sein d’un hôpital universitaire.
Matériels et méthodes |
Les données de 76 patients présentant une NF associée à la prise d’un médicament, neutropénie non attendue c.-à-d. dite « idiosyncrasique », ont été rétrospectivement examinées. Toutes ces données ont été extraites d’une étude de cohorte sur les neutropénie et agranulocytose médicamenteuses idiosyncrasique, prise en charge aux hôpitaux universitaire de Strasbourg.
Résultats |
L’âge moyen des patients inclus dans ce travail était de 52,2 ans (extrêmes : 18 à 93), le ratio F/M était de 1,6. Plusieurs comorbidités étaient présentes chez 86,8 % des patients. Les médicaments incriminés les plus fréquemment étaient : les antibiotiques (37,4 %) ; les antithyroïdiens (17,2 %) ; les agents neuroleptiques et anti-épileptiques (13,1 %) ; les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les analgésiques (8 %) ; et les inhibiteurs de l’agrégation plaquettaire (8 %). Les principales manifestations cliniques lors de l’hospitalisation étaient : fièvre isolée (30 %) ; maux de gorge, amygdalite aiguë et sinusite (18,4 %) ; pneumonie documentée (18,4 %) ; septicémie (14,5 %) et choc septique (6,6 %). Le nombre moyen de neutrophiles au nadir était de 0,13×10 (9)/L (extrêmes : 0–0,48). Durant l’hospitalisation, 22 patients (28,9 %) se sont aggravés cliniquement et ont eu recours à un service de soins intensifs et/ou de réanimation. Tous les patients ont été traités avec des antibiotiques à large spectre et 45 patients (59,2 %) avec des facteurs de croissance hématopoïétiques. La durée moyenne de la récupération hématologique (nombre de neutrophiles ≥1,5×10 (9)/L) était de 7,5jours (intervalle : 2 à 21). Cette durée moyenne a été réduite à 0,7jours (extrêmes : 2–16) (p=0,089) avec des facteurs de croissance hématopoïétiques. L’évolution était favorable chez 89,5 % des patients ; huit patients étaient décédés.
Conclusion |
Hors du contexte de l’oncologie et de la chimiothérapie, la NF idiosyncrasique est principalement liée aux antibiotiques et antithyroïdiens (>50 % dans notre travail. Elle est généralement grave, pouvant mettre en jeu le pronostic vital. Ainsi, ∼40 % des patients présentent des tableaux infectieux sévères à type de pneumonie, septicémie et choc septique. Malgré une prise en charge codifiée et structurée, le taux de mortalité reste entre 10 % et 20 %. Comme dans la NF liée à la chimiothérapie, la gestion moderne d’un tel trouble (antibiothérapie immédiate à large spectre, facteurs de croissance hématopoïétique) peut réduire la mortalité liée à l’infection (10 % dans notre expérience). Tous les praticiens peuvent être informés et attentifs à cet effet secondaire potentiel et imprévisible.
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Vol 38 - N° S2
P. A59 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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