Efficacité de l’érythropoïétine dans la neuropathie des petites fibres au cours d’un syndrome de Sjögren primitif associé à un myélome multiple - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
La neuropathie des petites fibres (NPF) est une complication neurologique périphérique invalidante au cours du syndrome de Sjögren (SS), source d’une importante altération de la qualité de vie, de traitement mal codifié et le plus souvent peu efficace.
Nous présentons le cas d’une NPF soulagée par injection d’érythropoïétine (EPO) indiquée pour un myélome multiple (MM) associé à un SS primitif.
Observation |
Une patiente, présentait un SS primitif diagnostiqué à l’âge de 67 ans, avec syndrome sec oculo-buccal subjectif et objectif, biopsie des glandes salivaires accessoires positifs grade III de Chisolm, et absence d’anticorps anti-SSA ou SSB. Il n’existait pas d’atteinte systémique. Il a été diagnostiqué par la suite à 75 ans un myélome à immunoglobuline G Kappa avec 12 % de plasmocytes dystrophiques au myélogramme, compliquant une gammapathie monoclonale de signification indéterminée survenue 10 ans auparavant. Le bilan phospho calcique et la fonction rénale étaient normales. Il n’y avait pas d’atteinte osseuse. L’évolution était marquée par l’apparition de douleurs neuropathiques des quatre membres ascendants, à type de brûlures, d’hyperesthésies, d’allodynies, prédominant la nuit, et au repos. Il existait une diminution de la sensibilité épicritique. Les douleurs étaient responsables d’une perte d’autonomie importante avec un périmètre de marche aux alentours de 400 mètres. L’électromyogramme était normal. Le diagnostic de NPF fut porté sur une biopsie cutanée montrant une raréfaction des fibres nerveuses intra et sous-épidermiques. Les douleurs étaient mal soulagées par différents traitements : amitriptilyne, clomipramine, clonazepam, clorazepate dipotassique, gabapentine, duloxétine, milnacipran, corticothérapie, kétamine, alimemazine, balnéothérapie. Une anémie à 10,7g/dL apparue dans l’évolution justifiat des injections d’EPO (Neorecormon 10 000 unités par semaine). Ce traitement fut rapidement associé à une diminution des phénomènes douloureux satellites de la NPF avec pour corollaire une augmentation de l’autonomie, une marche tous les jours entre 900 et 1700 mètres. Les douleurs à type de brûlure des deux mains, du chef, de la face antérieure de l’abdomen ont disparu. Il persistait de manière plus intermittente des douleurs à type de rongement au niveau de la cuisse gauche. Le sommeil était également meilleur.
Conclusion |
Les douleurs neuropathiques sont présentes chez plus de 40 % des patients atteints de SS primitif, lié à une implication préférentielle ou exclusive des fibres nerveuses intra-épidermiques réalisant la NPF. Dans une étude prospective portant sur 14 patientes SS atteints de douleurs neuropathiques, les douleurs touchaient le plus souvent les 4 membres, prédominaient en distalité, avec une évolution continue accompagnée d’exacerbations paroxystiques [1 ]. L’EPO a déjà montré son efficacité clinique contre placebo dans la NPF associée à d’autres pathologies, notamment la sarcoïdose [2 ] et le diabète de type 2 [3 ] avec une excellente tolérance. L’hypothèse physiopathologique serait la stimulation de croissance des fibres nerveuses intra-épidermiques par l’EPO, fibres responsables des fonctions thermoalgésiques cutanées. Par ailleurs l’EPO agit sur un récepteur de réparation innée, membre de la famille des récepteurs cytokiniques de type 1, permettant une action anti-inflammatoire locale notamment en réduisant l’action du tumor necrosis factor, ainsi que de réparation tissulaire [3 ]. Des études évaluant l’effet de l’EPO contre placebo dans la NPF au cours du SS sont nécessaires afin d’en étudier l’efficacité et la tolérance.
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Vol 38 - N° S2
P. A190 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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