Aortites inflammatoires après dissection : une nouvelle entité ? - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
Les aortites ont de nombreuses causes notamment infectieuses et immuno-inflammatoires. Nous rapportons 2 cas d’aortites immuno-inflammatoires faisant suite à une dissection aortique.
Observation |
Un homme de 37 ans a présenté une dissection aortique sans signe d’aortite sur l’imagerie initiale non opéré initialement. Dans les suites de la dissection, une fièvre à 39°C avec syndrome inflammatoire biologique (CRP>300 mg/L) est apparue et s’est prolongée jusqu’à deux mois après l’intervention. La tomographie par émission de positon (TEP) réalisée en préopératoire montrait un hyper métabolisme diffus de l’aorte (SUV à 7,8) en faveur d’une aortite. Une endoprothèse a été posée dans un second temps 6 semaines après la dissection et environ 5 semaines après le début des phénomènes inflammatoires.
La deuxième patiente est une femme de 47 ans ayant présenté une dissection aortique sans signe d’aortite sur l’imagerie initiale. Une pose de tube aortique avec réimplantation de la coronaire droite a été immédiatement réalisée. Secondairement est apparue une fièvre à 40°C avec un syndrome inflammatoire biologique (CRP 180 mg/L). La scintigraphie aux leucocytes marqués était normale à 6 semaines de l’opération. Une TEP à 3 mois après la chirurgie a confirmé un hyper métabolisme de la crosse aortique et de l’aorte thoracique descendante en faveur d’une aortite (SUV à 4,6).
Dans les deux cas, l’intégralité du bilan d’aortite (infectieux et dysimmunitaire) était négatif et de multiples lignes d’antibiothérapies probabilistes ont été sans effet. Une corticothérapie à 1 mg/kg/j a permis une amélioration spectaculaire avec apyrexie et disparition du syndrome inflammatoire. À 5 mois de recul, la décroissance est toujours en cours pour le premier patient sans réapparition de la fièvre ou syndrome inflammatoire. La seconde patiente après une évolution initiale favorable présente une corticodépendance 0,7 mg/kg/j nécessitant l’introduction de méthotrexate.
Discussion |
Il n’existe, à notre connaissance, aucun cas d’aortite postopératoire ou secondaire à une dissection dans la littérature. Parmi les diagnostics différentiels d’une fièvre nue dans les suites de l’implantation de matériel endovasculaire, les infections de site opératoire doivent être éliminées, entre autres les aortites infectieuses. Les bilans infectieux exhaustifs des aortites de nos deux patients étaient négatifs. Le diagnostic d’aortite a été fait par TEP. Le premier réalisé avant chirurgie, le second trois mois après chirurgie soit le délai admis pour l’interprétation de l’hypermétabolisme postopératoire. L’aspect de l’aorte en TEP après une dissection aortique n’est cependant pas décrit dans la littérature.
Dans l’aortite inflammatoire de Takayashu, des travaux fondamentaux ont montré la présence d’anticorps anti-aorte [1 ], de lymphocytes T sensibilisés par des antigènes endothéliaux [2 ], et une restriction du répertoire des lymphocytes T gamma-delta [3 ] en faveur d’une stimulation antigénique limitée. Une libération antigénique aortique ou endothéliale lors d’un traumatisme aortique pourrait être à l’origine de la réaction immune dirigée contre l’aorte constatée chez nos deux patients.
Conclusion |
Nous décrivons deux cas d’aortite post dissection aortique d’origine immuno-inflammatoire sans autres causes retrouvées avec une bonne réponse au traitement par corticoïdes. Des travaux complémentaires sont nécessaires afin de mieux comprendre la physiologie cette entité, les éléments de diagnostics et les modalités de traitement.
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Vol 38 - N° S2
P. A112 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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