La pratique de la masturbation chez les femmes : la fin d’un tabou ? - 14/11/17
Résumé |
Objectifs |
Longtemps taboue, la pratique de la masturbation féminine tend à se banaliser sous l’effet d’un changement des représentations culturelles et des discours publics sur le sujet – par exemple dans le cinéma, la musique ou les séries TV – mais aussi d’un accès plus large des femmes à des supports d’excitation (ex : pornographie en ligne, livres érotiques) ou à des objets d’autostimulation plus adaptés aux attentes du public féminin (sex toys). Symptomatique d’une évolution des normes culturelles pesant sur la sexualité féminine, cette capacité des femmes à assumer la part purement individuelle et auto-érotique de leur sexualité met en évidence leur plus grande aisance à admettre des pratiques ne se situant pas dans le cadre socialement acceptable du couple. Malgré un net rapprochement des comportements des deux sexes en la matière, la masturbation est toutefois encore loin de devenir une composante de leur répertoire sexuel aussi ordinaire que dans celui des hommes, ni une pratique admissible facilement à leur conjoint.
Méthode |
L’enquête a été réalisée par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon de 913 femmes de 18 à 69 ans, extrait d’un échantillon de 2011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, en juin 2017. La représentativité de l’échantillon global a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession, région, taille d’unité urbaine, statut marital).
Résultats |
La comparaison de ces données avec celles mesurées en 2012 selon des modalités identiques montre un rapprochement sans précédent des comportements onanistes des femmes sur ceux des hommes. De même, la comparaison des activités auto-érotiques des femmes en couple avec celles des femmes célibataires révèle que l’onanisme se poursuit en couple pour nombre de femmes, comme substitut ou en parallèle des rapports sexuels conjugaux. Mais cette forme de plaisir solitaire est loin d’être assumée au sein du couple, en particulier par les femmes insatisfaites de la qualité et de la quantité de leurs rapports conjugaux.
Conclusion |
Pour beaucoup de femmes en couple (45 %), la masturbation reste un sujet tabou, sans doute parce qu’elles craignent que cette pratique soit interprétée comme le signe de l’incapacité de leur partenaire à satisfaire leurs besoins. Le tabou autour de la masturbation féminine reste donc prégnant, non seulement chez les femmes qui peinent à dissocier sexualité et conjugalité mais aussi chez celles dont le couple donne des signes d’une sexualité défaillante.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Objectives |
Female masturbation, a taboo subject for many years, is now becoming more commonplace due to changes in cultural representations and public exposure to the subject; for example, it is regularly found in movies, music or TV series, but also due to the fact that women now have freer access to sources of arousal, such as on-line pornography, erotic reading matter, etc. or objects of auto-stimulation that are better suited to females (sex toys). Symptomatic of a change in cultural norms as applied to female sexuality, this ability for women to embrace the purely individual and autoerotic side of their sexuality demonstrates their increased aptitude to adopt practices that do not fall within the socially acceptable framework of a relationship. However, despite a significant improvement in bringing the behaviour of the two sexes closer together on the subject of masturbation, it is still far from being a regular and ordinary element of the female sexual repertoire to the same extent as it is for men, nor a practice that women necessarily find easy to admit to their partner.
Methodology |
The survey was conducted in June 2017 using on-line questionnaires on a cohort of 913 females aged between 18 and 69 years, taken from a sample of 2011 individuals, representative of the French population of 18 years and over. A quota system was used to ensure that this global sample was representative (sex, age, profession, region, size of the urban unit, marital status).
Results |
A comparison between this data and results obtained in 2012 using identical methodology shows an unprecedented convergence in onanist behaviour between females and males. At the same time, comparing autoerotic activities of females in a relationship with single females shows that onanist behaviour continues for many women after they start living with a partner, either as a substitute for, or in parallel with, marital sexual activity. But this form of solitary pleasure is far from being openly admitted within the couple, in particular by women who are unsatisfied with the quality and the quantity of their marital sex.
Conclusion |
For many women living with a partner (45%), masturbation remains a taboo, probably because they are afraid that this practice might be interpreted as the sign that their partner is not able to satisfy their sexual needs. Female masturbation therefore remains generally unmentioned, and not only for women who have difficulty in making a difference between sexuality and conjugality, but also for those whose relationship is showing signs of sexual failure.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Sexualité féminine, Comportement sexuel, Masturbation, Morale sexuelle, Couple
Keywords : Female sexuality, Sexual behavior, Masturbation, Sexual morality, Couple
Plan
☆ | An English version of this article is available on line, at : http://dx.doi.org/10.1016/j.sexol.2017.09.009. |
Vol 26 - N° 4
P. 191-198 - octobre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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