L’injection intra ou périarticulaire de ropivacaïne (RI) est courante après chirurgie du genou. Le but de cette étude était d’évaluer les effets de la RI sur les propriétés mécaniques (PM) du tissu ischio-jambier.

Nous avons mené une étude biomécanique par traction jusqu’à rupture : 120 fragments de tendons ischio-jambiers ont été récupérés sur 120 patients lors de reconstruction du LCA. Deux séries de tests de traction ont été réalisées. La première, pour tester l’effet de la RI sur les PM des tendons, soit 30 échantillons immergés pendant 1 heure dans une solution de RI à 2 % comparés à 30 échantillons immergés dans une solution saline. La deuxième, pour tester l’effet de la concentration de RI sur les PM du tendon, soit 30 échantillons immergés pendant une heure dans une solution de RI à 2 % comparés à 30 échantillons immergés dans une solution de RI à 7,5 %.

Pour l’analyse de la toxicité, vingt-neuf échantillons dans chaque groupe ont été analysés ; deux échantillons (un dans chaque groupe) ont rompu à la jonction du mors. Pour les groupes RI et contrôle, les éléments suivants ont été observés : les spécimens exposés à la ropivacaïne 2 % présentaient une contrainte à rupture (Δ=4,4MPa et p=0,001), une énergie déformation (Δ=13MPa et p=0,001) et un module d’Young (Δ=1,6MPa et p=0,02) inférieurs aux spécimens du groupe témoin. Aucune différence significative en termes de déformation (élongation/distension) à rupture n’a été trouvée (Δ=5 % et p=0,03). Pour l’analyse des effets de concentration, un spécimen du groupe de RI à 7,5 % s’est rompu pendant la phase de cyclage et a été exclu. Aucune différence significative en termes de force et de contrainte à rupture (Δ=0,45MPa et p=0,6) et énergie de déformation (Δ=0,49MPa et p=0,49) n’a été retrouvée entre les deux groupes. Il existait des différences significatives en termes de déformation (Δ=28 % et p=0,0003) et de module d’Young (Δ=2,6MPa et p=0,005), les spécimens immergés dans la ropivacaïne 7,5 % présentant des déformations plus importantes et des modules d’Young plus faibles.

Alors que les injections locales de RI sont largement répandues dans la pratique clinique, les résultats de cette étude montrent, in vitro, des altérations à court-terme des propriétés mécaniques des tendons ischio-jambiers, ce qui pourrait conduire, in vivo, à une augmentation de la fragilité des parties molles tendineuses exposées à ce produit et notamment les structures tendineuses ou ligamentaires dans les zones d’injection.