Tabagisme maternel et prématurité (enquête Épipage, régions Nord-Est) - 09/03/08
A. Burguet,
M. Kaminski,
B. Larroque,
L. Abraham-Lerat et le groupe Épipage.
Objectif : Décrire les relations entre la grande prématurité et le tabagisme maternel.
Population et méthode : Nos données proviennent de l'enquête de cohorte Épipage menée en 1997. Compte tenu des informations manquantes, notre étude porte sur les 4 régions du Nord-Est pour les prématurés, et l'ensemble des 9 régions de l'étude pour les témoins. Ont été analysées les grossesses uniques d'enfants nés vivants et non décédés en salle de travail. Les informations sur le tabagisme maternel en fin de grossesse étaient disponibles pour 88,5 % des couples mères-enfants (1 314/1 484), soient
Définition : Ont été considérées comme fumeuses les mères qui ont fait part d'une consommation d'au moins une cigarette/j en fin de grossesse.
Résultats : Les taux de tabagisme en fin de grossesse étaient respectivement de 40 % et 25 % avec un risque brut de prématurité lié au tabac égal à (OR) 2,1 (IC 95 % 1,6-2,7), p < 10 –3 .
Dans une analyse multivariée prenant en compte les critères socio-économiques de confusion potentielle dans la relation tabac-prématurité, le risque de prématurité lié au tabac restait significatif (ORa = 2,1, IC 95 % 1,6-2,8), ce qui montre le rôle propre du tabagisme dans la grande prématurité. Cependant, l'effet du tabac n'était pas significatif chez les primipares (OR = 1,3, IC 95 % 0,9-1,9) alors qu'il était puissant chez les multipares (OR = 3,2, IC95 % 2,3-4,5). Cette interaction entre tabagisme et parité était liée en grande partie à un effet de confusion de l'hypertension artérielle dans la relation parité-prématurité.
Finalement, l'excès de tabagisme existe chez les primipares et les multipares non hypertendues. Chez les mères hypertendues, l'effet du tabagisme sur la prématurité ne peut être mis en évidence, probablement du fait de la très grande puissance de l'HTA comme facteur de risque de prématurité, et de la rareté de l'hypertension maternelle à terme.
Conclusion : L'enquête Épipage montre un risque plus élevé de grande prématurité chez les femmes fumeuses que chez les non fumeuses. Le tabagisme maternel est un facteur de risque de grande prématurité à la fois fréquent et puissant. Son effet doit être analysé de façon distincte chez les multipares et les primipares, ou encore chez les mères hypertendues et non hypertendues. Ces données épidémiologiques nouvelles justifient le renforcement des moyens de prévention du tabagisme familial pendant la grossesse.
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Vol 31 - N° 2
P. 206-207 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.