Objectif : Analyser l'effet de la corticothérapie anténatale (C) sur la prévention d'une maladie des membranes hyalines (MMH), selon le statut fumeur/non fumeur de la mère.

Population et méthode : Les données proviennent d'une étude de cohorte menée en 1997 dans quatre régions du nord-est de la France (Nord Pas de Calais, Lorraine, Alsace et Franche-Comté). Ont été analysés les singletons de 27-32 SA nés vivants, non décédés en salle de travail. Le statut tabagique maternel, le diagnostic de MMH et la (C) étaient connus pour 741/825 (90 %) de la cohorte.

Définitions – Mères fumeuses : Au moins une cigarette/j en fin de grossesse. Corticothérapie anténatale : au moins une injection de corticoïdes (cure complète ou non) à visée préventive de la MMH . MMH : diagnostic à l'appréciation du néonatologiste.

Résultats : Chez les enfants de mères fumeuses, les taux de MMH sans et avec (C) étaient de 44 % (45/102) et 33 % (66/198). Chez les enfants de mères non fumeuses, les taux de MMH sans et avec (C) étaient de 69 % (77/111) et 41 % (135/330). La MMH était significativement moins fréquente en cas de corticothérapie d'une part, et en présence d'un tabagisme maternel d'autre part. Il existait un effet protecteur de la corticothérapie (OR = 0,31, IC95 % 0,19-0,48, p < 0,001) et du tabagisme maternel (OR = 0,35, IC95 % 0,20-0,65, p < 0,001) avec une interaction significative (OR = 2,1, IC95 % 1,06-4,10, p < 0.05). Cette interaction (différence d'efficacité de la corticothérapie suivant le statut tabagique maternel) persistait après prise en compte dans un modèle multivarié, de l'âge gestationnel, de l'extraction par voie basse ou césarienne, de l'hypertension artérielle, de la RPM.

Discussion : L'enquête Épipage montre un effet paradoxal du tabagisme maternel : d'une part le tabagisme augmente le risque de grande prématurité, d'autre part, les enfants prématurés de mères fumeuses présentent moins de MMH. Enfin, l'effet de la corticothérapie n'est pas le même selon le statut tabagique maternel et ce indépendamment du terme gestationnel, du mode de naissance ou de la cause de la prématurité. Ces résultats font penser